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Critique de NMTB


Une analyse sociologique du système technicien, moins contestataire qu'il pourrait sembler a priori. Il arrive même à Jacques Ellul, chrétien et conservateur, de s'en prendre aux révoltés du genre hippie qui ne comprennent rien à ce système et en sont finalement de purs produits ; ce sont des contestations admises par le système parce qu'elles appellent à toujours plus de technique, elles ne remettent jamais fondamentalement le système en question. Jacques Ellul cherche avant tout à analyser en profondeur ce système pour en prendre conscience, sans la moindre concession mais sans exagérer ni délirer. Il évoque peu les avantages que la technique a donnés à l'humanité, il n'oublie par contre aucun problème. le principal est celui de l'indépendance de la technique en tant que système, l'homme en a tout simplement perdu le contrôle parce qu'il n'a pas conscience que la Technique est devenu un système.
Mais il ne donne jamais véritablement de solution. D'un côté il dit qu'il est devenu impossible d'en sortir : « On ne peut plus « détechniciser ». le système a une telle ampleur que l'on ne peut plus espérer revenir en arrière : tenter une détechnicisation ce serait l'équivalent pour les primitifs de la forêt de mettre le feu à leur milieu natal », et d'un autre côté même la limitation de ce système semble impossible : « le seul acte de maîtrise authentique, vérifiable et concret à l'égard de la technique, serait de fixer des limites à son développement : mais ceci est la contradiction même du système. » le système technicien est une course folle, il n'y a aucun moyen d'y échapper.
Car la politique n'y peut plus rien, elle fait partie du système, tout comme la science et l'économie. Et c'est là que Jacques Ellul prend ses distances avec la vision marxiste et c'est là aussi qu'il me perd. Les marxistes appliquent de vieux schémas à une société qui n'existe plus selon lui. Il n'y a plus de capitalistes et de prolétaires, plus de lutte des classes à mener, il n'y a plus qu'un système gigantesque que même les technocrates ne maîtrisent pas. La Technique ne dépend de personne, elle est autonome en tant que système sans fin qui n'a pas d'autre but que sa propre croissance, tout y est soumis, elle est le facteur déterminant.
J'admets tout cela, mais je n'ai pas l'impression que le système soit précisément technicien. Certes, la technique a connu un essor incroyable au cours du vingtième siècle, on n'a pas fini de s'en étonner et de s'interroger sur l'adaptation de l'homme à ce phénomène, en grande partie par conformisme social, il faut en convenir. Il fait une analyse excellente de la technique, avec parfois une grande clairvoyance, par exemple sur l'importance de l'information et la connexion nécessaire entre ordinateur et télécommunication ou sur le problème des données personnelles, mais il n'a pas inventé tout cela, il n'a jamais été le seul à le penser et il cite toujours les auteurs dans lesquels il a puisé ces idées. En définitive je ne crois pas que la société ait fondamentalement changée au cours du vingtième siècle, je crois que parler de système capitaliste reste beaucoup plus juste que de système technicien, la base de notre société reste la propriété privée et l'économie est toujours prépondérante, c'est elle qui oriente tout.
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