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Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
Le titre peut induire en erreur. Passé le premier texte homonyme et la constatation que « la solitude est impraticable et la société fatale », il n'est plus question de solitude. Il est d'ailleurs difficile de donner un fil directeur à l'ensemble de ces douze petits essais aux sujets variés. Emerson n'est pas un philosophe systématique, mais plutôt un ami de la sagesse. Ses sources proviennent des multiples traités antiques, surtout grecs, mais également de l'humanisme de la renaissance, des moralistes français, des Lumières, ainsi que du puritanisme protestant.
Trois concepts, liés, dominent sa philosophie : la Nature, la Raison et l'Homme. Pour résumer, on pourrait dire qu'il considère que l'homme doit vivre en harmonie avec les lois de la nature. Ces lois, c'est la science qui permet de les connaître, aussi Emerson montre beaucoup d'enthousiasme vis-à-vis du progrès scientifique qui permet à l'homme non pas de soumettre la nature mais de l'utiliser à bon escient. Il ne cesse de mettre en garde contre une science qui combattrait la nature, cependant il n'y voit pas spécialement un danger, plutôt des égarements vaniteux, car au bout du compte la Nature est toute-puissante. de même, en ce qui concerne l'homme, il doit faire attention de ne pas se soumettre à la machine, ne pas se « mécaniser » mais rester maître de ses outils. Ainsi, la morale est-elle au- dessus de tout. C'est elle qui doit guider les actions humaines.
Emerson est un véritable Yankee, avec tout ce que cela implique. Il n'est pas vraiment méprisant vis-à-vis de la civilisation indienne mais son enthousiasme de civilisateur occidental l'oblige à une certaine condescendance. Il porte tout l'idéal d'austérité des puritains, mais ne prend pas en compte que tout progrès s'accompagne inévitablement d'enrichissement et puisque Emerson n'aime pas la charité pécuniaire je ne vois pas où cet enrichissement pourrait déboucher sinon dans la cupidité et l'égoïsme qu'il déteste encore plus. D'une manière générale il se montre beaucoup trop confiant. Confiant dans le progrès et dans l'homme. Je crois qu'il n'a pas remarqué que le pessimisme et le scepticisme, pour lesquels il a peu de considération, peuvent également servir de garde-fous.
Cependant, inutile d'ergoter, j'ai trouvé la pensée d'Emerson très stimulante. Ses phrases prennent souvent la forme d'aphorismes pleins d'intelligence et qui poussent à la réflexion. J'aurais aimé citer entièrement le texte consacré aux clubs et à la conversation, tout y est bon du début à la fin, mais les autres textes regorgent également de préceptes lumineux et pleins de bon sens.
Par contre, je me demande pourquoi ce genre de livre ne s'écrit plus actuellement ; à défaut on pourrait republier celui-là et virer toutes les cochonneries qui embarrassent les étagères des librairies sur le prétendu bien-être et développement personnel pour les remplacer par ce véritable traité de sagesse.
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