AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Piatka


Piatka
06 septembre 2015
Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’en trop savoir sur cette longue nuit d’insomnie au coeur de Vienne narrée par Franz Ritter, musicologue malade et angoissé, épris d’Orient et d’une femme, Sarah, pour entrer dans ce récit prenant, d’une érudition époustouflante - Le minimum donc pour donner envie, envie de plonger dans la mémoire d’une vie rythmée par les voyages à Téhéran, Istanbul, Damas, Palmyre, les souvenirs intimes, les multiples rencontres, la musique omniprésente, la littérature et l’orientalisme. Une richesse d'évocation et de transmission rarissimes qui m'ont littéralement emballée !

Heureusement, la boussole de Mathias Énard oscille en permanence entre le roman d’un amour contrarié et l’ouvrage érudit sur l’Orient, mêlant habilement personnages de fiction et personnalités ayant bel et bien existé.
La diversité incroyable de l’Orient, sa beauté, sa violence aussi, imprègnent ce roman que j’ai commencé avec lenteur, pour finalement me laisser embarquer avec un réel plaisir. J’ai lu au rythme de la Marche turque, des oeuvres de Mozart, de Liszt, en compagnie des figures majeures de l’orientalisme qui ont eu le mérite de faire connaitre cette culture même si elle était parfois teintée de fascination aveugle et de merveilleux - le fantasme récurrent d’un Orient sublimé véhiculé par les Mille et une nuits reste tenace.

Penser assimiler toutes les références évoquées dans ce livre en une seule lecture serait irréaliste, en revanche je retiens comme un repère central la valeur symbolique de la boussole qui, sous la plume talentueuse de Mathias Enard, permet de s'orienter vers l'Est, vers cet Orient qui continue à fasciner, intriguer, déranger. Son influence sur l'histoire culturelle européenne est multiple et particulièrement bien mise en valeur ici.
Et puis une boussole, c'est probablement ce qui a manqué au narrateur pour vaincre ses angoisses, trouver le chemin de l'autre et de l'amour, le chemin de Sarah.
À chacun de trouver la sienne, peut-être, pour " utiliser ce qui vient de l'Autre pour modifier le Soi ".
Commenter  J’apprécie          1207



Ont apprécié cette critique (84)voir plus




{* *}