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Critique de horline


Curieux roman que La sentence de Louise Erdrich, je tourne la dernière page avec l'impression de refermer un roman qui n'est pas celui commencé. L'histoire s'ouvre sur une arrestation pour un crime rocambolesque avant de se fixer une dizaine d'années plus tard sur une chronique du quotidien pour notre héroïne qui semble avoir laissé ses années de prison loin derrière elle.
L'irruption d'un fantôme annoncée en quatrième de couverture se présentait comme un axe narratif décisif mais l'écrivaine n'a pas enfermé l'histoire dans une intrigue aussi familière pour une héroïne Ojibwé, préférant s'attarder sur tout ce qui a fait l'année 2020 pour cette amérindienne de Minneapolis. Ou plutôt tout ce qui a été défait pendant cette année pandémique pleine de désarroi, d'impuissance et de crainte : le sentiment de sécurité, de continuité de l'existence, la banalité du quotidien et sa rassurante routine pour quelqu'un que le passé vouerait à l'effacement.
Les événements, les préoccupations brassées dans ce roman défilent selon une mécanique rudimentaire, se bousculent et créent autant de perturbateurs ou de distracteurs dans le récit si bien qu'il est difficile de déterminer la force motrice de ce roman chaotique.

Après tout c'est peut-être la volonté de l'écrivaine que de nous perdre au milieu de toutes ces pistes pour restituer la dimension imprévisible de cette année pleine de spectres angoissants. Assumer à sa manière l'étrangeté d'un monde en crise avec une littérature ancrée dans l'actualité, sans cesse en mouvement, en flux indéterminé et qui ne cherche pas à aller au-delà de la simple sensation.
Toute la difficulté est de capturer cette période de flottement et le trouble qu'elle a pu générer. Hélas, j'ai eu l'impression que La sentence se contentait du présent dans son expression la plus simple, l'anecdotique reste anecdotique, le récit n'offre pas réellement d'aspérité à laquelle s'accrocher. Trop de thèmes_ qui vraisemblablement doivent résonner les uns avec les autres_ sont abordés pour s'amalgamer.
Malgré les moments de réconfort procurés par l'amour familial, cette fiction aux contours flous s'estompera très vite dans ma mémoire.
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