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Critique de Darkhorse


La fin d'une aventure se révèle toujours être pleine d'enseignements, mais aussi de regrets dont l'avenir doit se contenter, afin d'ouvrir une route nouvelle, inconnue, pavée d'espoir.

Refermer la dernière page d'un cycle tel que le livre des martyrs provoque un déchirement qui ne sera soulagé que par les nombreux souvenirs qu'a apporté une lecture chargée de péripéties et de personnages profondément marquants.


Ce dixième tome, suite directe du précédent, ne déçoit pas. Et si les attentes ne sont pas toutes comblées, le plaisir procuré par ces dernières pages n'en demeure pas moins très grand.
Car suivre à nouveau les pas exténués, au bord de la rupture, de l'adjointe Tavore, de ses Osseleurs et de leurs alliés dans le désert les menant vers la Flèche, l'ultime bataille, est toujours aussi prenant. Nous vivons avec eux la lutte pour la survie, pour trouver le but qui les pousse vers l'avant, en dépit des multiples difficultés déroulées telle une herse sur leur chemin.
L'ennemi est très puissant et surtout bien fourni en chair à canon. Lui n'a pas traversé un désert asséché de toute vie pour se rendre sur le lieu des affrontements et, perché sur son promontoire, se nourrissant du Coeur enchaîné, il se prépare avec une implacable confiance.

Une autre bataille, monstrueuse, prend part en un autre lieu, sur le rivage de la cité fantôme Kharkanas, ancien bastion des Tistes Andii. le peuple Tremble doit une nouvelle fois défendre le Rivage, là où la Cataracte empêche encore les enfants de Père Lumière, les Tistes Liosan, de pénétrer dans le royaume orphelin de Mère Ténèbre. L'affrontement sera terrible, d'un côté comme de l'autre.

Synonyme de l'apocalypse, la dragonne d'otataral fait son retour, ramenée à la vie. Et avec elle, se répand la désolation. Les Eleints déploient leurs ailes et font vibrer leurs écailles pour se mettre en travers de son vol.
Le sang, coulant à flots sur la terre assourdie du choc des armes, irrigue aussi les cieux d'une tempête sauvage.


C'est dans ce maëlstrom de violence qu'évoluent nos chers protagonistes Du Livre des martyrs. Les émotions sont fortes, encore une fois.
Que ce soit aux côtés de Yedan Derrig et de Yan Tovis sur le Rivage défendu avec abnégation ou avec l'armée de Tavore, composée de nombreux peuples, humains ou non. Les T'lan Imass auront marqué le cycle de leur triste destin, les Jaghuts seront restés aussi mystérieux que puissants. Les K'chains Che'malle, depuis le tome précédent, se découvrent sous un trait pas uniquement terrifiant.
Mais à côté de ces anciennes races, ce sont bien les humains qui surprennent le plus, qui mènent l'offensive grâce à leur volonté et leur inépuisable soif de vivre. Les Osseleurs, Khundryls, Bolkandos, Letheriis, Barghasts, Perishs, Trembles... Tant de vies aux motivations diverses, malmenées par les manigances des dieux et des puissants, mais résolues à démontrer l'étendue de leur force de caractère.

Ce tome est l'un des meilleurs du cycle, notamment grâce aux deux grandes batailles, si dures, si éreintantes, si épiques en de nombreux moments. Les combats sont longs, entrecoupés des pensées indécises, incrédules ou au contraire résolues, obstinées, de la multitude de personnages. La matière à réfléchir, au travers des sentiments avoués, est énorme ! Steven Erikson bouleverse également certains acquis et il est étonnant de se voir surpris par les agissements de personnages que l'on pensait pourtant bien assimilés. C'est un point que j'ai adoré dans l'écriture de l'auteur, cette complexité dans la personnalité de tous les êtres, cette fragilité qui touche n'importe qui et qui est capable de transformer l'élément le plus endurci.

Suivre les échanges croustillants entre les malazéens ou entre les autres soldats de l'armée de Tavore a de nouveau été un vrai délice ! quelle bande de frappadingues !
Un vrai délice aussi, de ressentir les profonds tourments de Sandalath ou d'Onos Out'ilan, mais cette fois-ci avec une mélancolie des plus accablantes...

Le point le plus négatif du cycle reste la faible présence de personnages pourtant très intéressants et grandement impliqués dans l'intrigue. Bien que voir déambuler des personnages totalement secondaires en suivant de si belle manière leurs histoires croisées ait été en général un véritable plaisir, le cycle aurait tout de même grandement gagné à développer ces protagonistes dont le traitement survolé n'a apporté qu'une immense frustration...


Cependant, avec ce dernier tome mené tambour battant, débordant d'actes de bravoure et de passages à fendre le coeur, le livre des martyrs s'impose à mes yeux comme une oeuvre grandiose. Une aventure sombre et inoubliable dont les chapitres, denses et intenses, m'ont imprégné de leur fascination.
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