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Critique de SaveurLitteraire


Quel curieux livre m'a-t-on remis entre les mains ! Il ne s'agissait pas d'une envie personnelle, puisque je ne connaissais pas Annie Ernaux avant d'avoir lu ce livre. C'est pour les cours que j'ai découvert ce petit OVNI littéraire.

Il n'y a pas de personnage, si ce n'est Annie Ernaux elle-même, dans une autobiographie sous forme de journal. Très facile à lire, peu de pages. On peut y faire des pauses entre les différents découpages. Une date fera une partie du journal, comme on s'y attend. A noter quand même, c'est assez irrégulier, comme journal ! Madame, vous n'êtes pas régulière dans la mise à jour, eheh ! Comment lui en vouloir ?

C'est-à-dire que notre fameux journal se passe dans le milieu du hypermarché. Voyez le défi que se lance notre auteure ? Raconter ses impressions, ses pensées, ses observations lorsqu'elle passe à l'hypermarché Auchan de Cergy. Son action se passe dans un grand centre commercial.

On s'attend peut-être à s'ennuyer en découvrant qu'on va passer quelques heures – ou moins, si vous lisez vite et avidement – en compagnie d'une dame qui nous parle d'un sujet qu'on connait, puisqu'on fait aussi les courses. En principe. Vous faîtes du Drive ? Je peux vous le dire, pas d'ennui en lisant. Et bien non, je ne suis pas restée dubitative longtemps, en dépit du sujet, en dépit du format autobiographique, en dépit de quelques passages qui, à première vue, peuvent nous sembler répétitif. C'est que faire les courses est assez répétitif aussi.

Le style est simple mais facile à lire, fluide, une chose que j'ai apprécié ici. On nous explique simplement une vision de l'hypermarché, divers passages à diverses heures. Un jour, on nous raconte un passage tôt dans la journée, et une autre fois, ça sera pour un peu avant la fermeture. On apprend ainsi que la clientèle est différente selon les heures ; tôt le matin, c'est plutôt les retraités. Vers 18h ou 19h, c'est plutôt ceux qui sortent de leur éreintante journée de travail et qui font les courses, beaucoup. Avant, on a une ribambelle d'enfants avec leurs parents. Après, les étudiants. Tout le monde se côtoie, là-dedans, mais jamais on ne se mêle. Jamais ou presque on interagit vraiment avec l'autre, alors qu'on y passe quand même un sacré temps, dans cet endroit de tentation.

Parce que oui, non seulement Annie Ernaux nous parle de ce qui se passe entre les gens – ou plutôt qui ne se passe pas – mais en plus, elle nous parle du marketing ! de cette manière dégoûtante qu'ont les magasins à faire de la pub, à embellir les produits, à nous forcer la main, rendez-vous compte ! Pour qu'on achète encore et encore. Une petite tentation par-ci, une autre par là-bas, c'est la dure loi des magasins. On achète ce qu'il y a dans la liste, mais le magasin fait tout pour qu'on reparte avec quelques suppléments imprévus. On remarque grâce à ce livre que certains produits sont mis en valeur, que certaines périodes sont vraiment propices (Noël, Pâques notamment) mais que passée cette période, les marchandises perdent leur valeur et se retrouvent, penaudes, dans un bac, juste un bac, à la portée de tous, moins chers. Mais voilà, la période est passée, ce n'est plus l'heure ! A l'année prochaine, vilaines marchandises qu'on a pas prises !

Oh, et pendant qu'on en parle ! Il n'y a pas que les marchandises spécifiques à une période qui sont en mal, parfois. Regardez par exemple le point presse, délaissé sauf par quelques curieux qui lisent, oui, lisent carrément la revue ! Vous me direz, on sera quitte de l'acheter ! Ils le font en dépit des règles et interdictions. C'est bien, un peu de rébellion ! Il n'y a pas que ça, regardez les produits de luxe. Délicieux sans doute, mais peu appréciés par la clientèle, boudés, même. Ce qu'on aura l'occasion de voir dans le tout dernier chapitre, si je puis dire, qui est la postface de l'auteur. Trois ans après son journal, qui expose ce qu'est devenu l'hypermarché Auchan de Cergy, et croyez-moi, croyez-la, il y en a, des changements !

Il n'y a pas à dire, on s'y reconnait, dans ces réflexions. A la caisse, notamment, quand on attend et que, aléas, celui de devant est pas assez rapide ! Oh, et il cause, en plus, le vaurien ! Tu m'excuses, poto, mais j'ai pas que ça à faire ! Mon temps est précieux, paye tes courses et oust ! Bah, je caricature un chouia, mais c'est vrai que la frustration peut être grande quand on attend longtemps à la caisse. Quoi que notre longtemps est quand même relatif, ah !
Lien : https://saveurlitteraire.wor..
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