À force de découvrir toutes les
tragédies grecques (l'intégralité des
oeuvres conservées d'
Eschyle et de
Sophocle et une bonne partie de celles d'
Euripide), je pourrais avoir le sentiment d'aborder ces drames comme un spectateur athénien du Ve siècle av. J.C., c'est-à-dire en connaissant bien les légendes et les mythes qui les fondent et, ainsi, cherchant avant tout à retrouver des personnages et des récits familiers, attendant de revoir le même crime, la même vengeance ou les mêmes lamentations. Comme un mélomane écoutant divers interprètes jouant la même pièce, on se plaît aux comparaisons, aux fidélités et aux écarts du dramaturge face au mythe.
Euripide présente le matricide des derniers Atrides avec beaucoup de liberté par rapport aux versions des deux autres tragiques. Nous ne sommes plus devant le palais, mais en campagne chez un modeste laboureur, époux d'Électre désigné par Égiste pour rabaisser la condition de sa belle-fille. Il centre également son action sur
Oreste et sa soeur, appuyant sur le désir impérieux de venger la mort d'
Agamemnon. Électre est montrée comme assoiffée de sang. Clytemnestre et Égiste sont très effacés, simples jouets crédules des plans vengeurs des frère et soeur. Enfin, si
Euripide semble soutenir la loi du talion pour Égiste, le matricide est au contraire présenté comme un acte impie et abominable.
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