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Critique de jlvlivres


Drôle de parcours pour Brian Evenson, un peu comme ses livres d'ailleurs. Il nait mormon, en 66, dans l'Iowa et dans une famille mormone depuis six générations. Il devient prêtre et enseigne à Brigham Young University (BYU), établissement confessionnel. Brigham Young était le successeur de John Smith, fondateur des mormons, en tant que président de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. C'est lui qui développe l'enseignement dans l'Utah, avec comme principale cible d'éradiquer les deux principales fausses prophéties que sont le Darwinisme (l'évolution) et le Marxisme (le communisme). La BYU, située à Provo, Utah, compte en tout 50000 étudiants, dont certains dans les centres situés à Hawaii, dans l'Idaho, Paris et Jérusalem (j'y reviendrai dans « Prophets and Brothers »)
Tout allait bien jusqu'à ce que Brian Evenson publie « Altmann's Tongue » (1994, Knopf, 239 p.) puis réédité (2002 Bison Book, 278 p.) avec une introduction et surtout une nouvelle postface par l'auteur. Ce recueil de 26 nouvelles fit scandale à BYU et Brian Evenson est même menacé d'excommunication (ou alors il renonce à écrire d'autres pareilles turpitudes). Suite à ces pressions, il quitte l'Eglise, la BYU et doit rompre avec sa famille. Sa lettre de renoncement à BYU est un véritable pamphlet contre l'Eglise des saints des derniers jours. Tout y passe, la nécessité de l'église, les actions contre la liberté des femmes, la liberté universitaire, le mode d'évaluation tout à fait malhonnête, les faux témoignages. Bref « Il n serait pas fier de rester à BYU » (http://www.ant-zen.com/graph/act159-brian%20evenson%20an%20introduction.pdf.
Il n'est pas simple de faire la bibliographie de Brian Evenson, car ses premiers titres ont été publiés à petit nombre, en édition limitée, et plusieurs de ses nouvelles se retrouvent dans différents ouvrages. Ceci est valable pour les éditions anglo-saxonnes, comme pour les françaises, voir par exemple « Désir et Digressions » (2009, Cherche Midi, p.), que j'ai personnellement eu du mal à trouver (et fort chère, d'ailleurs). Finalement la réponse est que cette nouvelle (10 p.) est placée avec un mince catalogue (catalogue 2010) de la collection Lot49.

Donc « Altmann's Tongue » (la langue d'Altmann), qui comporte 25 nouvelles courtes et une plus longue « La Sanza ». Brian Evenson définit le livre comme un théâtre de solitudes. La 4eme de couverture fait référence à l'esprit d'Edgar Allan Poe qui habiterait ces nouvelles. Il est vrai qu'en plus de la perversité (et de la mort qui conclut souvent les histoires), celles-ci sont violentes et assez mystérieuses (au sens de Poe). Dans la courte nouvelle (25 lignes) qui donne le titre au recueil, un homme contemple le corps de Altmann qu'il vient juste de tuer. Une voix intérieure lui dicte de lui manger la langue. Son complice, Horst, lui promet alors de lui faire parler la langue des oiseaux. Il est tué à son tour. Finalement il y deux genres de personnes : les Altmann et les Horst.
Dans la première de ces nouvelles « The Father, unblinking », un père trouve sa fille morte. Il lui creuse une tombe sous le foin sans rien dire, ni à sa femme, ni au voisin.
Dans « Stung », un jeune homme tue son beau père, sans mobile apparent, mais est inéluctablement séduit par sa mère. (On comprend que ce genre de littérature n'ait pas plu à BYU).
« One Thick Black Cord » narre l'histoire du général Mensavi qui a enterré vivant son prédécesseur, l'illustre Bosa M'Bosi. En fait ce dernier n'avait pas été condamné à mort, mais simplement été accusé d'être mort, le tout à la gloire de Mensavi « I am God now, he was thinking, I rule death. I shall say who is dead ». (Je suis Dieu maintenant, pensait'il, Je contrôle la mort. Je dirai qui est mort). Trois ans après, (après également une balle dans la tête et une défenestration), il ne se considère toujours pas come mort et remonte au palais présidentiel. On le reconnait grâce aux 267 médailles qu'il arbore.
« The Sanza Affair » est la plus longue nouvelle du recueil avec presque 70 pages. Sanza, policier et détective, est mort mais personne ne peut expliquer pourquoi. Par contre tout le monde, sa femme, son seul ami, sa secrétaire, ses collègues ou ses supérieurs hiérarchiques ont quelque chose à dire. L'inspecteur Lund, qui reprend l'affaire n'est pas plus explicite. Lund enquête sur Sanza qui enquêtait sur «l'affaire Hadden », celui-ci ayant tué Ramsay. Cependant, on ne sait rien à propos de cet Hadden, ni de Ramsay. Mais on peut supposer que Ramsay enquêtait lui-même sur quelqu'un qui enquêtait sur …..
L'édition brochée de 2002 contient en plus une nouvelle « Two Brothers » (Deux Frères) que l'on retrouve par ailleurs dans « Contagion ». Un pasteur vient de se casser la jambe, en présence de ses deux fils. Il empêche ceux-ci de prévenir les secours car Dieu lui-même est censé intervenir très prochainement.
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