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Critique de Myriam3


Un livre délicieusement subversif! Plongée que j'étais dans des lectures belles mais déprimantes, il m'a fallu une parenthèse plus légère; ce livre attendait depuis longtemps sur l'étagère, j'ai plongé.
Plongé au coeur de cette nuit diluvienne à Malibu auprès de Henry, scénariste et écrivain vieillissant, supportant avec sa bien-aimée de plusieurs décennies les reproches et égoïsmes de leurs quatre enfants, tout juste sortis de l'adolescence.
Henry n'a qu'un rêve, qui s'empare de lui, tel le Privé de Babylone de Brautigan, au moindre coup dur. Une échappatoire: Rome. L'Italie, le pays de ses ancêtres, le no man's land de tous ses ennuis, le pays rêvé, pour lequel il est prêt à vendre tondeuse, clubs de golf et même sa chère Porsche, et tout quitter, tout lâcher (mais qui n'a jamais eu de tels rêves?)
Cette fameuse nuit, un animal se réfugie dans leur jardin. Un gros nounours, pour lequel on se prendrait vite d'affection, mais voilà, cet animal s'avère vite être un dérangé sexuel! Bon gré mal gré, il restera auprès de la famille dont les relations se fissurent chaque jour un peu plus. L'aîné ne couche qu'avec des Noires - au grand dam de sa mère Harriet, femme héroïque aux yeux amoureux et vaches de Henry, mais visiblement pas dénuée de reproches - le cadet manipule sa mère sans remords.Tina, la seule fille de la fratrie, a toujours considéré son père comme un fruste étranger; il n'y a que le dernier, Jamie, qui n'a jamais vraiment préoccupé ses parents.
Et Henry, non des moindres, semble ignorer toute bienséance au sein de sa famille, son quartier et son travail, ce qui lui cause régulièrement pas mal d'animosité (cela ne l'inquiète pas outre mesure d'ailleurs).
et puis, et puis... soudain, un oeil un plus brillant, une angoisse qui le prend parce qu'en tant que père, il doit laisser ses enfants voler de leurs propres ailes, un vide au creux du ventre quand ses rejetons quittent l'un après l'autre la grande maison familiale.
Et puis, et puis aussi ces petites descriptions fulgurantes, du génie tout simplement: "le soleil se levait, oeil rouge suffoquant dans le smog", "Decker Road sinuait dans les montagnes comme un serpent désireux d'échapper à la mer".
Et enfin, cette magnifique évocation d'une baleine échouée sur la plage, ces beautés que même son chien Stupide et l'autre Rocco ne peuvent gâcher par leurs comportements si peu orthodoxes, maillons de ce récit familial!
John Fante, toi non plus je ne te lâche plus.

Lu dans le cadre du Challenge ABC

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