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Critique de sylviedoc


J'ai eu la bonne surprise de me voir proposer ce roman dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée, ce dont je remercie Babelio et l'éditeur jeunesse Rageot. J'avais lu et apprécié "Quand vient la vague", du même duo d'auteurs, et qui est qualifié de "roman compagnon" d'En plein vol. Pour moi il s'agit plutôt d'une suite, même si les personnages principaux ne sont pas les mêmes. le premier était centré sur Nina et son petit frère Clément, mais Jules y tenait déjà un rôle important. Dans celui-ci, l'histoire est centrée sur lui et sur Romane, la meilleure amie de Nina jusqu'au moment où celle-ci avait fugué alors qu'elles étaient au lycée.
Le roman débute lors de l'entrée en fac de sociologie de Romane, à Paris. Elle y retrouve Jules, brièvement croisé dans l'opus précédent. Elle se prend d'amitié pour ce jeune homme idéaliste, rejeté par ses parents qui n'admettent pas son homosexualité, et qui a connu la vie dans la rue. Il en est sorti grâce à une association, "Le Refuge", et cela lui a donné envie d'aider à son tour les invisibles, ces personnes qu'on fait mine de ne pas voir parce qu'elles gênent ou titillent notre mauvaise conscience. Mais lorsqu'il doit réaliser un questionnaire, en binôme avec Romane, et qu'il choisit de cibler ce public, leur façon d'appréhender les choses diffère vite. Jules va renoncer au relatif confort de sa colocation pour retourner vivre dans un squat, pensant qu'il est plus à même d'apporter une aide concrète "de l'intérieur", alors que Romane, peut-être un peu plus mûre, juge qu'on ne peut apporter des solutions en étant soi-même préoccupé de subvenir à ses besoins primaires.
Ce qui va nous amener, nous lecteurs, à nous interroger sur le regard que nous portons sur les sans-abri, les clochards ou quel que soit le nom qu'on donne à ces oubliés de la société de consommation. Nous y découvrirons aussi des gens généreux qui donnent de leur temps pour essayer d'adoucir un peu le quotidien des mal-aimés, comme Lila, copine de fac de Romane qui participe à des maraudes et distribue des produits d'hygiène aux femmes de la rue. Peut-être prendrons-nous conscience que nous pourrions, nous aussi, basculer dans la précarité à cause d'un accident de la vie, perte d'emploi, divorce...c'est si rapide parfois de perdre le contrôle.
Le thème principal du roman est la précarité, on l'aura compris, mais d'autres y sont également abordés : le rejet de l'homosexualité d'un enfant, la différence d'âge dans un couple (Romane est la petite amie de Clément qui n'a pas encore 16 ans, ce qui provoque souvent des réactions négatives), ou encore l'endométriose, une maladie encore mal comprise et dont les conséquences peuvent être lourdes pour les femmes qui en sont atteintes. J'ai d'ailleurs trouvé que ce sujet n'avait pas vraiment sa place dans le roman, il y avait déjà bien assez à traiter avec le reste. Peut-être aurait-il été plus judicieux de le traiter dans un 3ème tome, quand les protagonistes seront tous adultes ? Mais je ne sais pas si le projet est d'actualité.
Ce qui est sûr, c'est que "En plein vol" est un roman de qualité, sans mièvrerie, que l'on peut sans crainte offrir à des jeunes à partir de 15 ans environ, pour leur permettre de réfléchir à ce que signifie l'exclusion, et quelles aides ils pourraient éventuellement proposer à ceux qui en sont victimes.
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