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Citations sur Les larmes brûlées (21)

Les rêves que les grecs faisaient la nuit à Epidaure, interprétés le matin par des prêtres dédiés à Asclépios, manifestaient cette connexion entre morts et vivants. Les mystères d’Eleusis ont aussi formalisé un rituel de passage pendant plus de mille ans. Je crois ça depuis toujours mais ça ne concerne que moi. Et je trouve bien affligeant d’avoir été amputé de la possibilité de ce savoir-là. Cette trépanation de l’esprit et cette mutilation de tous nos sens, autorisent le surgissement de nazis, partout, dans tous les siècles, dans toutes les églises, dans toutes les obédiences. C’est à cause de la soif inextinguible de pouvoir des colocs terriens. L’Apocalypse de Saint-Jean est un beau réquisitoire contre ces abus de pouvoirs, impitoyable réquisitoire contre toutes les églises de pierre tenues par des usurpateurs drapés, impitoyable réquisitoire contre tous les dogmes sanguinaires et sanguinolents. C’est à cause de l’oubli du dialogue avec les morts. Ce Jean s’égosillait déjà bien inutilement alors que le message de son Christ partait déjà en couilles sous le pourpre libidineux et la myrrhe avariée.
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L’esprit est rationnel, il veut la vie, l’extension de la vie. Il veut et propose de l’intelligence par l’amour. Et cet esprit ne peut évidemment pas être nazi. La vie de l’esprit, ça ne fonctionnerait pas dans le sens d’une injonction violente et vulgaire : esprit, es-tu là ? Ce serait avoir de l’esprit, être de l’esprit, faire de l’esprit. Et Déméter déciderait de te dévoiler sa Nature, elle t’offrirait son sein et tu boirais le lait des étoiles.
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C’est quelquefois dans le bleu du ciel que mes veines se mettent à suinter puis éclater. Dans le sourire d’un enfant. C’est un vieux courbé, l’odeur d’un croissant, un champignon dans une forêt, un stylo au capuchon ouvert, une goutte de café sur la coupelle, les grains de sucre décristallisés et collés sur un doigt par la salive. Un papillon se fondant dans l’océan du ciel au-dessus une prairie. Une émission sur la seconde guerre mondiale. Un écureuil, une toile de Rembrandt ou Nicolas de Staël, un vers de Pessoa ou Baudelaire. Le visage de Lou Andreas-Salomé, une femme pilote d’avion dans les années 20…C’est sans fin, sans contours, sans circonscription possible. Aucune distance ne peut adoucir l’appétence morbide de cette douleur extasiée d’elle-même pour tout assombrir, tout pourrir, tout anéantir. Elle explose, dans l’éclat de midi, en plein milieu d’un sourire qui semblait pourtant le flux de la vie.
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C’est ça, il y a de la félicité dans mes flashes. Et il y a l’immonde puisque je suis seul et désolé, après un drame qui ferait de moi ce mort-vivant. Cette boucle me donne le vertige et je m’effraie d’y découvrir un sens, un sens terrible. Ces émotions veulent me mettre à terre.
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Je suis le fracas de tous ces fils entremêlés entre cieux et terres, avec et contre vents et marées dans ce moment de Hambourg. Corps et esprit ravinés de sels de larmes de nuits, mélangés aux sueurs de petites mains chaudes dans les miennes, petites paumes pulsées par un sang transmis depuis un moi momifié pour assécher, un jour, avant, hier, plus tard, demain, jusqu’à la terrifiante source de ces larmes.
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Voilà, mes temps d’enfance sont parsemés d’autres instants propices à l’exhibition de moi dedans mais je suis bien obligé de faire des choix. Mon sujet est la perspective d’une réflexion sur la réincarnation et t’intéresser sans passer pour un demeuré, difficile pari. Mon enfance, ce sont ces sensations d’ailleurs aussi familières qu’un concert de grillons l’été. Je humais ces odeurs fugaces et prégnantes qui me téléportaient dans ces lointains qui mangeaient mon cœur. Ça m’arrivait n’importe où, n’importe quand, dans n’importe quelle situation. Aussi, la vie du dehors, dans laquelle ces atmosphères d’autres temps se surajoutaient, me faisait l’effet d’un trou noir revêtu de voiles opaques. Une condensation de matière insignifiante mais épaisse. Une mine de charbon à traverser, maculée de suies, me retenait d’être, tout entier embaumé dans cette fragrance d’alien. Je me sentais mélancolique et abattu. Ces volutes contenaient l’histoire de mes autres temps dans une éventuelle autre vie. Elles m’humectaient de bribes de récits aux ressacs lancinants et douloureux. Je ne pouvais rien toucher, rien palper, rien voir. Mais je sentais tout de cet autre monde où j’aurais eu une vie. Quand les effluves des autrefois me traversent, tous les sentiments sont réanimés et revivifiés : je sors de mon coma de mortel. Ça dure une demi-seconde. Ça dure l’éternité. Et cette nature retrouvée fait office de vérité de mon être. Pas l’être qui est dans le monde, l’être tout court qui est autre chose, ailleurs, toujours. L’être tout entier. Si je pouvais te faire partager ce déchirement, on n’aurait pas perdu notre temps. On se comprendrait mieux, toi et moi. J’essaie tout au long de ce récit mais c’est bien difficile.
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Je suis irréductiblement autre chose. Et c’est cet autre chose qui me dévore.
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Je sais qui je suis et je porte ce malheur-là. (…) Être-là, sans pouvoir rien modifier du cours des choses, confirme mon anéantissement. Auschwitz, c’est mon impuissance totale.
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Ce camp est la seule confirmation de notre désarroi. Nous décidons d’entrer et sommes seuls dans le Tartare. Le bruit des graviers est une torture. Nos pas nous font presque mal. Nous nous sentons obscènes, poisseux et mal engoncés dans ce corps de vivant qui piétine des morts sans le savoir, ici, partout et nulle part. Rien n’a changé.
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Pourquoi n’ont-ils pas tous été expropriés dans un rayon de dix kms autour du camp ? J’ai l’impression de plonger du haut de mes questions dans un abîme sans contours, sans temps, sans espace, sans explication, sans fondements et sans réalité : terrible réalité pourtant : le silence vertigineux de l’agonie qui griffe les tympans comme les traces d’ongle superposées et enlacées dans le béton des chambres à gaz.
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