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Critique de gill


gill
16 septembre 2018
Une fois de plus, ici, Claude Farrère projette sa plume là où on ne l'attend pas et réserve une belle surprise à son lecteur.
"Le traître" est une dense et riche uchronie.
La France de 1940 avait, malgré l'appel lancé de Londres par le général de Gaulle, suivi le maréchal Pétain lorsqu'il abandonna la lutte et renia la parole donnée à l'Angleterre.
Un demi-siècle plus tard, le Royaume-Unis, en 20.., a suivi sir Austin Gatterwood, lorsqu'il signa l'armistice de Birmingham, conclu et subi avec le dictateur de l'Union Soviétique ...
Le récit plonge, tout d'abord, dans une Angleterre ruinée par la guerre et l'occupation de 500.000 soldats rouges.
Cependant l'anticipation, pour le lecteur, laisse la place à l'imagination.
Elle ne contient ni descriptions, ni paysages, et très peu de contexte.
Le récit n'est solidement basé que sur des arcanes politiques.
Les personnages, seuls, semblent retenir l'attention de Claude Farrère :
Tout d'abord, Sir James Garnwall, amiral de la flotte, et vice protecteur de l'Angleterre, qui est l'homme dont la postérité se souviendra peut-être comme "le traître"...
Sa jeune épouse, lady Lucy Garnwall ...
Walter Raleigh, son secrétaire privé ...
Son jeune fils de vingt ans, Réginald, réfugié au Japon, puis en Chine et ignoré des russes ...
Mais le splendide personnage central du récit est celui d'une femme, une chinoise, la Fou Ta Jenn A-Lann, comme elle aime à se nommer elle-même.
Ce roman, paru en 1952, est issu de la guerre froide.
Il est teinté de philosophie et d'espionnage.
Et il a comme une vague résonnance de tragédie antique.
C'est le roman d'un voyageur qui connaît les peuples.
Claude Farrère affiche ici une grande estime pour la Chine qui, dit-il, est la première nation du monde, et laisse filtrer dans ses propos un mépris amusé pour les Etats-Unis.
Le roman est divisé en trois parties de longueurs inégales :
"Edimbourg", "Pékin" et "Libération".
On y retrouve le style qui a fait de Farrère un grand écrivain.
Ce livre, certainement, possède plusieurs niveaux de lecture.
Il peut être perçu comme un plaidoyer pour le vieux maréchal français que l'Histoire a marqué comme traître à sa nation.
Mais aussi, dans le même temps, comme une condamnation du même maréchal pour ne pas avoir repris le combat lorsque l'heure en était venue.
L'honneur, dont il peint sir James Garnwall, devait en passer par là.
Ce roman est politique, et très humain.
Claude Farrère condamne le communisme soviet, qui selon lui aggrave, plus encore que le capitalisme, les inégalités entre les hommes.
Cependant le mercantilisme de la nation américaine ne trouve pas non plus grâce à ses yeux.
Son regard est tourné vers la Nation Centrale, cette Chine qui pour lui est un pays qui compte ...

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