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Critique de jcjc352


Les civilisés ...et les barbares Claude Farrère , pseudonyme de Charles Bargone, pose la question : qui est le civilisé et qui est le barbare dans ce monde colonial à l'extrémité de la planète l'Indochine ?
Rien n'est évident : certains, les militaires, rêvent du passé, honneur des combats et aux conquêtes glorieuses d'antan, d'autres, civils plus mercantiles, rêvent de richesses bien palpables et de leurs jouissantes immédiates et quelques uns profitent honteusement de la vie : les « civilisés »
La lie de l'occident s'est abattue sur l'Asie pour affairisme sans apporter de valeurs réelles occidentales mêlant sa rapacité à celle, déjà foisonnante des asiatiques annamites, chinois, thaïs, tonkinois, malais, japonais
Une Asie très ancienne avec ses traditions brutales qui n'ont rien à envier à l'Europe et sans état d'âme et une Europe plus jeune d'un monde de blancs et conquérante mais sans valeurs que pourtant elle est chargée d'apporter, tournée essentiellement vers le commerce et l'exploitation

Une petite élite désabusée vit dans l'oisiveté et l'aisance ne se refusant aucuns plaisirs dépravés : femmes européennes et asiatiques, jeunes ou vieilles , pédophilie masculine avec des garçonnets , jeux, alcools et opiums. Tout est bon pour être, se disent-ils , des « civilisés » aux cotés de colonisés qui ne sont pas en reste et profitent de la dynamique.
Alors ou sont les barbares ?
Cette lie mercantile qui est le fumier nécessaire à la naissance d'une nation nouvelle ? Les militaires d'antan, guerriers plutôt que soldats, brutaux sans foi ni loi mais avec un code d'honneur ou bons fonctionnaires obéissants ?
Et les civilisés ?
Ces débauchés pessimistes sans morale aucune , des « no futur » avant la lettre, , soi-disant porteur de la civilisation du blanc
Dans ce contexte trois personnages dévoyés à l'extrême évoluent : L'un reste fermement attaché à ses valeurs et assume sa vie éhontée de sybarite , l'autre impénitent séducteur se cristallise sur deux femmes qu'il tente de séduire sans succès à en tomber malade on pourrait parler de romantisme si cette séduction n'était pas entachée d' amoralité et le dernier qui tombe amoureux à vouloir devenir époux de sa belle mais les années de débauches ont laissé des traces et la pénitence n'est pas aisée.

un livre novateur, à l'époque, mais contrariant car il dresse, dans la France patriotique du moment, un portrait guère flatteur de la colonie, un accros aux valeurs et aux lois par ses personnages dévoyés
La colonie, l'empire colonial plus justement, n'est pas ce qu'elle devrait être !
Farrère ne dénigre pas le monde colonial, le commerce et l'exploitation des richesses , mais la façon dont on pense apporter la civilisation européenne, en sus, à un monde asiatique ancestral qui est une civilisation par elle-même et bien plus ancienne

La vue des peuples soumis est bien celle du dominant, du civilisé sur le dominé et les épithètes, ce sont ceux du moment, attribués aux colonisés sont péjoratifs et très réducteurs Enfin c'est comme cela qu'on voyait les autres, les non européens a cette époque il n'y avait pas d'autre perception Elle était en outre partagé par les colonisés qui avaient exactement la même opinion de leurs colonisateurs mais évitaient de la formuler ouvertement ou alors à petite dose et pas avec n'importe qui.

En relisant des oeuvres anciennes telle celle-ci on voit les évolutions de la perception des hommes entre eux Des peuples lointains et inconnus en fait faisaient peur. Avec une meilleure approche surtout et le temps et grâce à la connaissance on arrive à mieux à normaliser les relations pour le meilleur ou le moins pire mais c'est pas gagné !
Livre très accessible malgré son ancienneté
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