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Critique de Fava


Fava
06 décembre 2011
C'est le 2e livre que je lis de Sebastian FAULKS, et je suis toujours aussi impressionnée. Birdsong, comme Human Traces, c'est du lourd ! le genre de bouquin qui marque, que l'on n'est pas prêt d'oublier. Il faut dire qu'il choisit des thèmes ambitieux et qu'il les traite avec une maestria remarquable. La guerre des tranchées en 14-18, comme si on y était, en 400 pages…
Je me disais : « Encore une histoire de guerre… Je sais déjà… On a vu tant de films sur le sujet… » Mais j'ai très vite été captivée.
Parce qu'on plonge très vite dans l'intrigue.
Parce qu'on apprend une foule de choses : comment et par qui étaient construites les tranchées et les galeries, comment cette guerre insensée était vécue par les soldats et les officiers, sur le front et à l'arrière, comment les mineurs étaient censés écouter l'ennemi et emportaient avec eux des canaris en cage, symboles pathétiques de la vie dans l'enfer… (mais Faulks n'explique pas assez à quoi servaient ces oiseaux)
Et surtout parce que, comme toujours avec S. Faulks, ce n'est pas un simple récit de guerre, c'est une réflexion passionnante sur l'être humain, placé ici dans les conditions extrêmes de la guerre : c'est-à dire face à sa propre mort et à celle de ses compagnons. Les questions sont terribles : pourquoi certains ont-ils peur de mourir et d'autres désirent-ils mourir? Comment peut-on se préparer à mourir ? Près de qui aimerions-nous mourir? Jusqu'où peut-on pousser l'horreur, où est la limite de l'acceptable ? Et s'il n'y avait pas de limite ? Si l'être humain état capable de TOUT supporter ? Est-ce une qualité, qui permet de se reconstruire après avoir vécu l'indicible ? Ou est-ce une des pires calamités, qui permet de repousser sans cesse les frontières de la barbarie ?
Le début du roman m'a cependant mise un peu mal à l'aise : le héros, Stephen, un jeune Anglais de 20 ans, établissant une liaison avec la femme de son patron, est un personnage complexe, qui ne m'était pas beaucoup plus sympathique que l'ambitieux Julien Sorel séduisant Mme de Rênal dans le Rouge et le Noir de Stendhal. Qui est exactement Stephen ? Et qui est isabelle Azaire ? Elle est, à mes yeux, le maillon faible de ce brillant roman. Comment une femme amoureuse peut-elle quitter son amant sans un mot d'explication, sans même lui dire qu'elle attend un enfant ? Comment peut-elle, pendant la guerre, perpétuer ce mensonge par omission, et voler à Stephen la joie d'être père ? Son attitude révoltante me paraît peu vraisemblable.
La fin, en revanche, est belle. le suspense est très bien conservé, le rythme s'accélère, et on souhaite passionnément savoir si Stephen va mourir à la guerre, s'il va retrouver son enfant, s'il réussira à surmonter ce qu'il a vécu… On s'identifie à Elizabeth, sa petite fille, et à sa soif de comprendre. Et l'hymne à la vie final compense, heureusement, le tourbillon de mort qui nous entraîne pendant la plus grande partie du roman.
Mais jamais plus je ne pourrai penser aux millions de morts des guerres sans un spasme d'horreur et de pitié. D'autant plus que S. Faulks souligne que le plus douloureux pour les survivants a été leur incapacité à dire ce qu'ils ont vécu, à le faire comprendre à leurs proches. L'auteur, lui, par son livre, accomplit ce devoir de mémoire, et il le fait de manière bouleversante.
On pourrait discuter à l'infini sur les livres de Sebastian Faulks
Juste un dernier mot : extra-ordinaire.
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