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Critique de Sarindar


Quand Régine Pernoud avait récupéré Jeanne d'Arc presque pour elle seule, Jean Favier n'avait pas pipé mot ; il s'était juste contenté de faire entendre quelques bémols au sujet de la Pucelle dans sa Guerre de Cent Ans sans se départir d'un certain respect et d'une certaine admiration pour la jeune fille. Il vit Régine Pernoud déchirer à belles dents le Charles VII et son mystère de Philippe Erlanger et préféra éviter de trop parler de Jeanne, comme si ce personnage le gênait un peu, non en lui-même mais pour ce qu'on en faisait. Est-ce cette stratégie de l'évitement qui lui fait consacrer à Pierre Cauchon, le juge de Jeanne, cette splendide biographie et analyse du positionnement politique de cet homme, qui n'était pas un traître à la France mais un loyal partisan de la solution de la réunion des deux couronnes de France et d'Angleterre sur la tête du roi Henry VI de Lancastre, choisi par la reine Isabeau de Bavière, Charles VI et Henry V, choix que le frère de ce dernier, Bedford voulut faire respecter avec le consentement d'hommes comme l'évêque De Beauvais ? Tout ou presque pouvait se justifier au nom de la paix proposée par l'envahisseur anglais très content de trouver des alliés dans la place.
On le voit se former comme l'ont été les maîtres en théologie de l'université de Paris, qui devaient beaucoup au duc de Bourgogne et à leurs alliés anglais. Jean Favier écrit à cette occasion quelques-une de ses pages les plus érudites.
Ne soyons pas trop sévères avec Cauchon et les gens qui lui ressemblèrent, d'autant que le recul historique peut nous permettre d'être moins passionnés.

Cela dit, le face-à-face entre Cauchon et Jeanne révèle un homme qui n'hésite pas à recourir aux moyens les moins scrupuleux pour amener Jeanne à faire le reniement du cimetière Saint-Ouen à Rouen et faire semblant de la sauver puis lui tendre avec d'autres le piège qui la conduira à être condamnée comme relapse ; en effet, l'affirmation qu'elle avait réentendu ses voix et la reprise de l'habit d'homme mènerent Jeanne tout droit au bûcher. Ici, comment ne pas rendre les armes devant cette jeune fille morte avec pour seule protection et comme seul linceul sa foi inébranlable.
Jean Favier lui a donc rendu un bel hommage, sans emphase.

Cauchon ne fut pas récompensé par les Anglais comme il l'espérait : il n'obtint pas l'archevêché de Rouen qu'il sembla convoiter un moment, et ne réussit à avoir que le siège épiscopal de Lisieux, maigre consolation.

Jean Favier ne lui cherche pas d'excuse : il explique les choses, les choix et les situations, et cela sans jugement préconçu.
Un travail d'historien objectif, autant que cela est possible.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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