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Critique de Annette55


En dix chapitres incroyablement justes, l'auteur narre le destin d'Aurélien Babel, 57 ans , journaliste à Mondonews , depuis presque toujours ———-hypersensible, froussard et poète,—— une entreprise de presse «  mondialisée » , se retrouvant au chômage à l'issue d'un plan social, licencié avec trente de ses collègues, pourtant correctement rémunérés , à l'image de notre héros ( une certaine classe moyenne voire supérieure ).


Je ne suis pas coutumière de l'économie ni familière des histoires du Grand Capital et pourtant j'ai été séduite .
L'auteur pointe avec justesse et sans complaisance les enjeux de la mondialisation de l'information et de la précarisation du métier .

Mais ce roman ne s'adresse pas seulement à l'entre - soi de cette profession , bien au contraire , mais plutôt à l'ensemble du système social .

Au fil du roman l'auteur décortique avec grâce , drôlerie , ironie savoureuse la chronologie de la perte d'emploi , vécue au jour le jour, pas à pas , par Aurélien et ses collègues.
Les signes annonciateurs, apparemment bizarres , comme l'externalisation de l'assistance informatique à Chandannagar en Inde,

l'ambiance exécrable dûe aux rumeurs fondées ou non , les ravages , l'abattement , la stupeur lorsque le couperet tombe , la volonté , bien vite oubliée de se rebeller , l' obsession du profit envers et contre tout , les grandes et toutes petites lâchetés afin de tenter de s'en sortir mieux que ses collègues, la course aux indemnisations, les pires méandres de l'accompagnement dans la reconversion professionnelle , la formation au Pôle Emploi, des séances de coach irrésistibles de drôlerie , nimbées pourtant de tristesse.

La galerie de personnages ——victimes collatérales de la mondialisation ——-sont dépeintes de façon très précise, observées avec minutie , cette classe moyenne, en fait très peu armée pour faire front , incapable de se mobiliser, face à ce type de méthode , résister à cet asservissement volontaire.

Et n'oublions pas la réponse du Président de la République face à un jeune chômeur , lors des journées du patrimoine 2018 : «  Je traverse la rue et je vous en trouve , du travail » .
C'est ce titre qui m'a fait emprunter ce livre à la médiathèque.
J'avais lu avec bonheur en 2017 : «  Eclipses-japonaises  » .

Un roman brillant , éclairant , sur un mode grinçant , drôle , un tantinet désespéré à propos de la vie au travail, l'ordinaire néo - libéral..
Rien de bien neuf, dans le monde décrit par Éric F.
La presse, le cinéma nous racontent , chacun à leur façon, comment beaucoup d'entreprises démantelées , délocalisées, contraignent leurs employés à changer de métier
C'est d'une tristesse terrible …. ….
Un ouvrage social, grinçant, avec ce qu'il faut d'humanité et de retenue qui souligne l'absurdité des situations et ces mécanismes implacables .

Le héros dit «  À ma façon , je suis la foule » .
«  Cette foule qui a perdu le sens du combat . Elle s'est résignée » .
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