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Critique de Nastasia-B


Le Chevalier d'Olmedo est l'une des pièces les plus fameuses de Félix Lope de Vega après la célèbre Fuente Ovejuna. Il s'agit d'une tragi-comédie en trois actes, quant à la structure, mais que l'on peut sans peur ranger dans la catégorie des tragédies tellement le volet " comédie " est congru.

L'auteur, en s'appuyant sur des faits réels plus ou moins récents et plus ou moins remaniés, tout en lorgnant fort du côté des mythes grecs, donne sa conception de la morale et de l'honneur. Et il nous rappelle qui en est, selon lui, le socle, le garant et en même temps le plus beau fleuron en cette société espagnole du XVIIème siècle, à savoir, le roi catholique en personne.

Quelle est la part de ce que pense l'auteur ? Quelle est la part de ce que son public, sensibilisé aux événements, attend ? Et quelle est la part de ce que la cour royale lui autorise à écrire ? Là est un débat, pas inintéressant, mais sur lequel je ne suis pas assez calée pour m'avancer sans glisser pitoyablement sur la dalle glissante de mon ignorance.

En revanche, le texte, lui, reste une bonne base de discussion. Lope de Vega nous y raconte une histoire d'amour avec des relents d'eau de rose au départ. En effet, LUI est beau, riche, vaillant, fort apprécié du roi ; ELLE est belle comme pas permis, bien dotée, issue d'une très respectable famille, d'une vertu incomparable. Bref, tout devrait bien se goupiller. Lui, c'est le Chevalier d'Olmedo, Don Alonso, elle, c'est la fleur de Medina del Campo, j'ai nommé Doña Inés.

Le hic, c'est qu'évidemment, une fleur telle que cette Inés, plantée là, juste devant le parvis de l'église de Medina del Campo, ça se remarque. Et bien sûr, vous vous doutez que tous les garçons à marier de bonne famille sont sur les starting-blocks pour tâcher de conquérir le coeur de la belle Inés.

Le plus ardent prétendant se nomme Don Rodrigo. Il n'a certes rien d'exceptionnel mais il n'est pas non plus scandaleusement hideux, incapable ou idiot. À telle enseigne que le père d'Inés, Don Pedro, pense qu'il pourrait constituer un parti honorable pour sa fille et lui a déjà plus ou moins promis sa main.

Inutile de vous préciser que lorsque surgit de la ville voisine d'Olmedo une espèce d'Apollon doublé d'un Hercule, qui le ridiculise lors des festivités de la corrida, l'ami Don Rodrigo commence à fulminer sous son crâne. Pire, toutes ses sincères marques de dévouement pour Inés ne recueillent qu'indifférence et sourires forcés tandis que les tours d'adresse de Don Alonso font resplendir l'allégresse dans les yeux de sa Dulcinée.

Je ne vous en dis pas plus mais vous avez probablement bien senti que les ferments d'une tragédie sont en train de prendre racine. Néanmoins pour être fidèle à la tradition qu'il a lui-même instauré, Lope de Vega, par l'intermédiaire de deux personnages atypiques et intéressants, imprime une structure de comédie à la pièce.

Tout d'abord Fabia, l'entremetteuse un peu sorcière, ex-fille de joie et probablement maquerelle à ses heures, dont le personnage a probablement tout pour plaire à Pedro Almodovar. Et ensuite l'écuyer de Don Alonso, Tello, sur lequel repose une bonne part du burlesque : une manière d'Arlequin qu'on croirait tout droit sorti de la Comedia dell'Arte.

En somme, pour les amoureux du théâtre classique, un bon petit moment à passer en compagnie de ce Chevalier d'Olmedo, en tout cas, c'est mon avis, certes, je vous le concède, bien peu de chose en vérité.
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