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Critique de marina53


Afin d'éviter de croupir dans une geôle au coeur du Sahara pour avoir déserté, avec l'aide, très précieuse et insistante, de sa mère, Zina, installée en France, qui s'est bien assurée de salir la réputation de sa belle-fille, de son frère qui réglera les détails, le fils, marié à Khadija et père de quatre enfants, fuit son pays. À bord du bateau qui les emmène loin de chez eux, l'aîné, Samir, est bien le seul à croire à l'enchantement de ce nouveau départ, les jumelles, du haut de leurs trois ans, ont l'impression d'assister à un spectacle et le dernier né, âgé de quelques semaines, n'aura, évidemment, aucun souvenir des événements. Installé à Sarcelles, dorénavant associé d'un pressing, le père trouve une nouvelle épouse, une vendeuse en boulangerie. Une Française, ce qui est loin de plaire à Zina. Il lui fera, très vite, un enfant. Pour avoir la paix. S'il se désintéresse du dernier né comme des autres, Samir, lui, commence aussitôt à maudire ce bâtard...

Avec beaucoup de sensibilité, de pudeur et de recul, maintenant que nombre d'années sont passées et qu'il a coupé depuis longtemps les ponts avec sa famille, Alexandre Feraga, le petit dernier de cette fratrie, revient sur son enfance et celle de Samir, qui l'aura détesté, malmené, maltraité, humilié... et essaie de comprendre comment deux frères ont pu, ainsi, suivre des chemins diamétralement opposés. L'un se tournera vers les autres et deviendra écrivain tandis que l'autre, nourri à l'indifférence d'un père, à une certaine colère et jalousie, se radicalisera et trouvera la mort en Afghanistan. Ce récit est aussi celui d'un père, Mohammed, totalement défaillant, indifférent à ses enfants, alcoolique, violent parfois, lâche et taiseux, soumis non pas à ses femmes mais à sa mère. Un père incapable de tendresse que ses propres enfants finiront par détester et mépriser. C'est aussi celui d'une mère effacée, en retrait. D'une grand-mère égoïste, retorse et lâche. Alexandre Feraga décortique, analyse son passé, tente de comprendre le comportement de Samir. Cette confession intime et poignante, bien que tragique, rend également hommage au pouvoir des mots, de l'imagination. La plume, tour à tour sensible et révoltée, sonne incroyablement juste.
Un récit déchirant...
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