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Critique de pilyen



Remarquez le B majuscule du titre... C'est d'une famille dont il sera question durant tout le livre. Leur patronyme de Bourgeois leur va comme un gant en veau le plus fin car ils font partie aussi de la catégorie sociale dont ils portent fièrement le nom. Alice Ferney, va nous tracer le portrait de tous ces gens depuis le début du siècle dernier jusqu'à nos jours. Une saga familiale me direz-vous ? Pas du tout ! Ou pas tout à fait, car si le romanesque est quasiment exclu durant ces 350 pages, le vent de l'Histoire de notre pays souffle sur ce roman. La romancière cette rentrée a laissé la place à l'historienne et à la sociologue pour pousser les lourdes portes en bois des îles de cette famille du 16ème arrondissement et nous éclairer sur l'impact des grands événements du siècle imprègnent sur leur vie.
Au début du 20 ème siècle, les Bourgeois sont riches, cathos et corsetés. Plus de cent ans après, malgré plein de guerres, d'avancées sociales et technologiques, ils continueront à transporter vaillamment leurs familles nombreuses dans des monospaces garés devant des églises un peu clairsemées. Oui, au fil des événements ils seront antisémites, pétainistes, attachés à l'armée française et aux colonies, abasourdis par l'arrivée de la pilule, ne comprendront pas trop le féminisme même s'il arrivera quand même à s'infiltrer, seront révulsés par l'avortement, le sida ne passera pas par eux, manifesteront pour l'école privée et bien sûr contre le mariage pour tous. Avouez que les personnages sont bien chargés et n'attirent pas de prime abord la sympathie ( enfin pour moi qui ne suis ni croyant, ni riche, ni habillé chez Cyrillus). Alice Ferney n'essaie pas que l'on soit en empathie avec eux, se contentant de les étudier comme une scientifique, promenant sa loupe sur les photos de familles et essayant de deviner les pensées intérieures de ces personnes dont les traditions bien ancrées leur ont permis de ne pas vaciller malgré les remous de l'Histoire.
Pourtant la narratrice semble bien les connaître, et même y être attachée, saluant au passage, et avec justesse, leurs valeurs d'honnêteté, de droiture, leurs nombreux services rendus à la nation via leurs enfants devenus militaires. Si leur monde aux idées apparemment assez rances ne supporte que le regard tronqué d'une vision essentiellement religieuse et formatée par les règles inoxydables d'une bourgeoisie pas si éclairée, celui de la romancière élargit le champ en donnant à voir comment et pourquoi les positions changent si peu au cours de ces vies. Dans un style qui force l'admiration, leurs agissements, leurs choix sont remis en perspective et prennent soudain un sens beaucoup plus universel que leur jupes plissées et leurs Légions d'Honneur pourraient le laisser paraître.
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