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Critique de raton-liseur


Ce livre est composé d'une longue nouvelle qui donne son titre au recueil et de quelques autres nouvelles très courtes.
Le Château de Croïat m'a fait penser à La Fée des Grèves, même couple de jeunes gens amoureux malgré les barrières sociales, même mystère des origines. Mais cette fois, le décor est celui de l'aristocratie moribonde et des derniers soubresauts de la Chouannerie. Les péripéties sont dans l'ensemble assez prévisibles, mais forment un ensemble agréable à lire, et qui tient en haleine, avec une fin assez étonnante finalement, plus nuancée que ce à quoi j'aurais pu m'attendre. Un petit amuse-bouche qui fleure bon la Bretagne et ses mythes, un petit plaisir que j'ai dégusté lors d'une petite soirée de lecture sans prétention et beaucoup de nostalgie.
Les nouvelles suivantes s'apparentent plus à des « choses vues » plutôt qu'à de véritables nouvelles, surtout les dernières. La plupart sont des sortes de petites cartes postales décrivant des traditions villageoises étranges, comme cette tradition de la grenouille une fois par an sur le pont de Cesson, qui oppose les partisans des noces et les partisans des grous, respectivement la bouillie d'avoine ou la bouillie de sarrasin… Et tout cela est très clairement écrit pour un public parisien conscient de sa supériorité mais sachant rire de lui-même et assez ouvert pour apprécier le folklore naissant avec une condescendance qui reste assez indulgente pour ne pas être offensante, comme en atteste ce petit extrait qui m'a bien amusée…

Une chose parfaitement incontestable, c'est que, d'ici à cinquante ans, si ce n'est plus tard, il y aura un chemin de fer de Paris à Brest. En ce temps, on ne mettra guère que huit heures trente-sept minutes et un nombre insignifiant de secondes pour se rendre au pont de Cesson. (…) Cesson sera dans la banlieue de Paris ; on connaîtra Noyal comme Pantin ou Saint-Cloud, et les jeunes employés du commerce graveront poétiquement leurs initiales bourgeoises sur l'écorce séculaire des grands chênes de la forêt de Rennes. Tout le monde voyagera, verra, saura ; pour se faire lire, hélas ! les malheureux conteurs seront tenus d'aller faire des études de moeurs aux îles Sandwich ; on verra le feuilleton maigrir, les variétés s'étioler, le roman disparaître… Ce dont Dieu préserve le monde et les cabinets de lecture !
(p. 102, “La Grenouille”).

Un joli morceau d'équilibriste littéraire, que Paul Féval réussit à merveille et qui donne à ses petites nouvelles un joli parfum désuet et amusé qui leur permet de passer les outrages du temps et d'amuser la lectrice moderne (humm…) que je suis.
Une jolie lecture, donc, avec un peu d'aventure dans la première nouvelle et des descriptions enjouées dans les suivantes. Paul Féval père est toujours une valeur sûre pour les historiettes au goût de Bretagne. Je le lis de façon sporadique, mais toujours avec plaisir. Peut-être serait-il temps que je m'attaque à l'un de ses romans fleuves. Lecture à suivre…
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