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Critique de Apikrus


L'auteur, journaliste et grand amateur de course à pieds est sollicité pour écrire sur l'ultra-trail, c'est-à-dire des courses en milieu naturel sur des distances supérieures à 80 kilomètres, le plus souvent sur 50 ou 100 miles soient environ 80 ou 160 kilomètres !

Avec un temps de 2 heures 47 minutes sur le marathon, l'auteur fait facilement partie des bons coureurs, même s'il reste loin des performances des meilleurs qui le bouclent régulièrement en moins de 2 heures 10 (le record est de 2 heures 1 minute et 39 seconde, détenu par le kenyan Elian Kipchoge depuis 2018).

Pour traiter son sujet, Adharanand FINN s'immerge dans le monde de l'ultra-trail, en s'inscrivant au départ de l'un d'eux : l'Oman Désert Marathon (165 kilomètres, sur du sable). Il mesure alors la difficulté de l'exercice : les qualités requises pour se déplacer à pieds sur des terrains naturels et pentus diffèrent de celles nécessaires pour courir 42,195 kilomètres sur du macadam. Son échec ne le dissuade pas, et il décide de s'inscrire au départ du célèbre UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc). L'UTMB attire tant de coureurs que ses organisateurs tirent au sort ses participants, et ce parmi les candidats ayant totalisé assez de points obtenus en terminant d'autres grandes courses. Bien que cette discipline brasse encore peu d'argent, cette organisation de l'UTMB s'apparente à un racket sur d'autres courses, puisque leurs organisateurs doivent verser une contribution afin de pouvoir figurer parmi les compétitions attributives de ces précieux points. L'absence de gros financements extérieurs dans ce sport n'exclut pas les tentatives de triche, dont le dopage. L'auteur explique d'ailleurs en partie la rareté de champions noirs africains aux départs des grands ultra par le peu d'argent qu'ils ont à y gagner (en comparaison des primes versées aux mieux classés des marathons les plus prestigieux : 100 000 dollars au vainqueur du marathon de New-York, et 50 000 euros à celui du marathon de Paris). Mais ce n'est pas tout : marathoniens et ultra-traileurs n'appréhendent pas la course à pieds et leurs corps de la même manière. Les premiers chercheraient à optimiser leur entrainement, en limitant notamment les risques de blessures, tandis que les seconds chercheraient à déplacer leurs limites…
FINN a d'abord cherché à comprendre ce qui peut motiver des concurrents - et concurrentes, puisque des femmes sont présentes à ces compétitions - à se lancer de tels défis et à endurer les souffrances qu'ils impliquent. Ce n'est pas l'appât financier. La recherche de prestige, fait certainement partie des motivations, et se flatter l'ego plus encore. En courant, l'auteur a aussi découvert que le plaisir reste le moteur principal des concurrents, et que le fait de surmonter la souffrance y contribue largement.
Mais le prix à payer peut être lourd : aux risques de chutes lors d'une course s'ajoutent ceux de blessures de fatigue, que les joggers réguliers connaissent bien. Des ultra-traileurs sont parfois victime d'hallucinations causées par leur état de fatigue, l'auteur explique d'ailleurs l'avoir vécu. Des techniques de soins sont aussi évoquées, de même que la diététique (les pratiques sont diverses, et les végétariens et végans sont plutôt bien représentés dans l'ultra, y compris à haut niveau).

A travers les parcours de plusieurs champions présentés dans l'ouvrage, on comprend aussi que des prédispositions naturelles sont nécessaires pour briller dans cette discipline. Ce livre donne envie de courir, mais je ne suis pas fait pour l'ultra-trail (il me suffit de penser à la peur que j'éprouve dans les descentes ardues pour m'en convaincre) !

J'ai passé un excellent moment à lire ce livre, presqu'aussi addictif que la course à pieds...
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