L'éducation sentimentale

(...) '' L'éducation sentimentale et les dépits qu'elle réserve aux inconstants qui espérant d'être heureux se condamnent à ne pas l'être, aux intégristes qui souhaitant le bonheur de tous finissent par détester le genre humain, aux femmes mariés qui se punissent de ne pas aimer leurs maris en se privant de prendre un amant, aux quand du seigneur qui à l'approche de la trentaine se jettent sur un géniteur inconstant, aux femmes veinales enfin qui à la mort du mari voit échapper au profit des enfants l'héritage pour lequel elles ont sacrifié leur beauté, leur tendresse, leurs amours et même leur argent.
L'éducation sentimentale de Flaubert est le chef d'oeuvre des renoncements sans grandeurs. le bonheur qu'elle promet à son lecteur repose non pas sur l'embellissement de la vie, mais sur les tableaux sans saveurs que promet la lucidité. Il serait plus fort écrit Flaubert dans ses carnets de ne pas faire baiser Mme Arnoux qui chaste d'amour se rongerait d'action. de fait, L'éducation sentimentale est une odyssée de fruits secs, un antidote à l'enthousiasme, la leçon de réalité que Flaubert adresse aux adolescents de tous les âges. Comment s'étonner dans ses conditions qu'un tel livre fût si mal accueilli ! (...)