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Critique de tiptop92


Gustave Flaubert - L'éducation sentimentale - 1869 : le véritable intérêt de ce classique est dans son écriture, recherchée, stylisée, magnifique. Il a dû en noircir des pages ce brave Flaubert pour arriver à un tel niveau stylistique. En même temps il faut bien dire que les adolescents de l'époque n'avaient pas vraiment le choix des occupations lors des longues soirées d'hiver à la maison. Bien sûr on parle là de ceux vivant dans des familles aisées car les fils d'ouvriers et de paysans eux n'avaient guère l'occasion d'étaler leurs pensées sur de belles feuilles de papier blanc. Il aurait fallu déjà qu'il sache lire et que l'école obligatoire ne soit pas qu'une vue de l'esprit pour la plupart. Il est vrai que devant une telle prose l'histoire mettant en scène une longue liste de personnages médiocres, petits bourgeois ratés ou nobliaux décadents avait peu d'importance. On dit de certains chanteurs que leur voix est si belle qu'ils arrivent à séduire en chantant une liste des noms tirés des pages blanches de l'annuaire, Flaubert lui était tellement doué qu'il aurait pu pondre un chef d'oeuvre littéraire en écrivant votre liste des courses sur un bout de papier déchiré au hasard. La trame quant à elle restait largement à l'état embryonnaire en n'évitant pas les longueurs causées par les interminables atermoiements du héros amoureux fou d'une femme mariée et plus âgée que lui. Les romans de l'époque regorgeaient de ces passions oedipiennes qui voyait de jeunes idéalistes viser l'interdit d'un amour sentimental et charnel rendu complètement impossible par la position vertueuse de l'objet de leur désire. le personnage principal lui poussait cette passion jusqu'à l'absurde en fermant les yeux sur les plaisirs de la vie que pouvait lui apporter son jeune âge. Bien sur d'autres femmes passaient dans ses bras mais elles ne n'étaient que des ombres dédiées au plaisir charnel ou à entretenir par la convoitise de son jeune corps parfait un train de vie dispendieux et vide de sens. Ce roman est considéré comme étant une autobiographie de Flaubert, on a dit même que le personnage de Marie Arnoux l'épouse désirée était inspiré par la femme d'un éditeur de musique devant qui Flaubert était en pâmoison. On peut imaginer combien le mari a dû être réjouit de voir son infortune comptée dans les cinq cents pages de ce roman. S'il ne se passait rien de notable dans ce texte qui effleurait même le contexte historique de peur d'intéresser le lecteur à autre chose qu'à la lente dérive nihiliste de Frédéric Moreau, il restait d'une qualité littéraire telle qu'il prouvait quoiqu'on en dise que le génie peut faire beaucoup avec pas grand-chose. Une chose est sûre il faut être prêt mentalement et physiquement pour s'attaquer à ce pavé qui ne résistera pas aux coups de fatigue du lecteur ni à ses pensées vagabondes (Les amoureux par exemple feront bien de lire autre chose). Par contre pour les ninjas de la lecture, les imperturbable et les insomniaques ce livre distillera une aura bienfaitrice qui confirmera illico sa place dans les incontournables de la littérature française. Deux solution alors pour ceux qui voudront vraiment le découvrir, le Guronsan pour les courageux ou la torture d'une lecture trop longue pour les autres… malgré tout une oeuvre capitale
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