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Critique de Lorisetc


Flaubert se joue de son héros. Au moment où Frédéric peut mourir dans un duel, le combat est avorté. Au moment où il croit être ruiné, un héritage lui tombe dessus. Au moment où son amour prend forme, il cherche ailleurs.
Les idéaux amoureux, politique, artistique et social ne sont pas détruits par la ruine, la mort ou la misère mais par l'ennui et le désoeuvrement. Flaubert personnifie le mal du siècle.

L'histoire est écrite avec un style implacable: des envolées lyriques de plusieurs lignes s'effondrent en une phrase, des pans de vie entiers sont résumés avec des ellipses de quelques mots. Et puis il y a Paris, dépeint avec le regard du narrateur: un regard de sensations, de ressentis qui distingue Flaubert d'un Hugo romantique, d'un Zola naturaliste ou d'un Balzac réaliste. Il n'appartient à aucune école. Il est moderne avant tous les autres.

À plusieurs reprises, on pénètre les états d'âme du héros. Quand il voit la révolution, on ne se bat plus. “Les blessés qui tombaient, les morts étendus n'avaient pas l'air de vrais blessés, de vrais morts. Il lui semblait assister à un spectacle.” le héros est passif, désengagé, pathétique. Il croyait aspirer à un idéal mais ne gardera de son amour qu'une mèche de cheveux et de ses meilleurs souvenirs une virée chez les courtisanes. Son détachement leur rendrait presque attachant.

Chaque épisode de l'Éducation Sentimentale écrit sur le besoin d'exister sans toujours y voir de sens et Flaubert annonce le nouveau roman, le roman sans le romanesque et le rend universel.
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