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Critique de fabienne2909


Dans « Numéro deux », David Foenkinos imagine la vie du finaliste qui n'a pas été retenu pour le rôle de Harry Potter dans la célèbre série de films. L'Autre. le Numéro deux. Au-delà du cadre qui parlera à tout le monde (qui ne connaît pas ou n'a pas lu Harry Potter ?), David Foenkinos livre une fable sur l'échec qui bouleverse et façonne une vie entière.

« Comment vivre avec l'idée qu'une autre personne a pris notre place ? le sentiment de traverser l'existence en étant assis sur un strapontin ». Telle est la sensation qui traversera Martin Hill, le candidat malheureux, une fois Daniel Radcliffe choisi. En effet, si Martin, découvert par le producteur des futurs films, n'avait au départ aucune ambition cinématographique, il s'est vite pris au jeu des auditions, jusqu'à croire qu'il décrocherait le rôle, qu'Harry Potter, ce serait lui. Comment se remettre d'un tel échec, vécu comme un véritable rejet ? « Ce qui est violent dans l'échec, c'est d'avoir perdu la maîtrise de son destin. C'est la soumission à la décision de l'autre. […] La pire conséquence d'un échec, c'est qu'il transforme le reste de votre vie en un échec ».

David Foenkinos montre ainsi dans son roman les conséquences d'un échec intériorisé jusqu'à l'extrême, puisque Martin prend en aversion tout ce qui peut avoir un rapport de près ou de loin au sorcier à lunettes rondes, au point de se désocialiser et de mener sa vie au fil de l'eau, sans chemin directeur. le destin fera que si Harry Potter, ce n'était pas lui au cinéma, il le deviendra dans la « vraie » vie : installé chez sa mère à la suite du décès de son père, il sera martyrisé par son beau-père et son fils, ou, pour essayer de surmonter son traumatisme, il se rendra dans un séjour à thème reproduisant Poudlard en carton-pâte et où, du fait de sa ressemblance avec le sorcier, il sera surnommé « Harry Potter »…

Pourtant, ce refus relève du hasard, du fortuit, puisque Daniel Radcliffe a été choisi sur le « je ne sais quoi » qu'il dégage. En somme, sur un élément indéfinissable. Hasard qui est déjà à la base de l'histoire d'Harry Potter et de son passage en film, une histoire en battement d'aile de papillon qui part de Joanne Rowling inconnue au chômage imaginant une histoire de sorciers, en passant par une baby-sitter dont la grand-mère décède, pour mener Martin sur le plateau de cinéma où travaille son père et où il est découvert, jusqu'au refus final. Ainsi, à quoi tient un échec ?

« On associe toujours le hasard à une force positive qui nous propulse vers des moments merveilleux. de manière étonnante, sa version négative est très rarement évoquée, comme si le hasard avait confié la gestion de son image à un génie de la communication. La preuve : on dit communément « le hasard fait bien les choses », ce qui occulte totalement l'idée qu'il peut tout autant mal les faire. »

Un final intéressant, bien qu'un peu attendu, mènera Martin jusqu'à l'acceptation de son sort, en lui faisant examiner l'autre face de l'échec : le succès. Est-ce que la vie qu'il aurait mené s'il avait incarné Harry Potter serait plus agréable ? Plus facile ? Autre, sûrement.

J'ai ainsi beaucoup aimé ce roman de David Foenkinos, le premier que je lis de lui. J'ai aimé qu'il aille au-delà du sujet, forcément attirant, pour en tirer quelque chose de plus universel, sur l'épreuve que représente un échec et l'importance qu'on peut lui en donner. Mais également le travail que cela coûte de le surmonter. Son style est agréable et percutant, malgré quelques tendances à l'aphorisme (ce qui n'est pas en soi un gros défaut). Bref, un auteur dont je prendrai plaisir à lire autre chose.
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