L'oeil du chasseur

L'album ne pouvait que me plaire : bayou, polar, pénitencier. Et en bonus y'a même une blonde en chemise à carreaux.
Les quelques pages du dossier en fin d'album confirment les références communes, entre le Jarmusch de Down by Law et Dave Robichaux de James Lee Burke, j'étais conquis avant même d'avoir tourné une page.
Foerster, je ne connais pas. Berthet par contre, j'apprends à connaître depuis quelques temps. Certains voient en son trait un caractère terriblement statique et froid, moi je lui trouve une efficacité à tout crins. Il manie les stéréotypes mais garde toujours une lisibilité exemplaire. C'est vraiment ce qui me plait chez lui : sobriété mais qualité de la narration.
Pour revenir à L'oeil du chasseur, l'album est sans surprise et se paye le luxe d'un peu d'ésotérique dans un climat initial qui n'annonçait que du noir. Je me suis laissé happer, sur les traces bien évidentes de ces deux personnages en quête d'un paradis dans le bayou. Qui trouverait idyllique une île perdue au milieu d'un champ d'alligators ? C'est toute l'ironie maniée par le duo d'auteurs : un benêt et une blonde, un gardien tortionnaire face à une nature béate, un paradis au milieu de l'enfer.
Un vraiment bon album qui, je pense, n'a pas pris une ride et pourrait sortir tel quel aujourd'hui.