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Critique de ileana


Un roman du XIXe siècle. Il s'articule autour de deux aristocrates. L'un est le gentilhomme terrien von Sechlin, ancré dans la Marche de Brandebourg en Prusse. L'autre est un citadin cosmopolite, un diplomate à la retraite, le comte Barby - il habite à Berlin après un très long séjour à Londres. Il n'y a quasiment pas d'intrigue, pas de conflit, pas de personnage négatif. Sur presque 500 pages se déploie une fresque de société par des innombrables dialogues. Les personnages se rendent visite, partent pour une partie de campagne, se rassemblent pour les élections. Tout le roman est tissé de ces causeries, anecdotes, commérages, bavardages mondaines ou esthétiques, taquineries. Il est souvent empreint d'une légèreté qui fait de ce texte un roman feel-good ; mais c'est aussi un roman choral (multitude de voix). Certaines figures sont satiriques. Pas d'intrigue, mais un fil rouge : Woldemar, le fils du gentilhomme terrien courtise les deux filles de l'aristocrate berlinois ; les spéculations vont bon-train. Laquelle de deux jeunes femmes va-t-il choisir ? La brillante Melusine ou la discrète Armgard ? Autre leitmotiv : l'opposition entre l'ouverture d'esprit et le conservatisme.

Theodor Fontane écrivait pour son public. Il a conçu un roman pour ses lecteurs, qui le découvraient d'abord en feuilleton. Mais l'auteur y a mis aussi beaucoup de lui-même, c'est sa dernière oeuvre, il avait 78 ans, c'était peu avant sa mort. J'ai bien aimé deux autres de ses romans : Effi Briest et Madame Jenny Treibel.
Si vous goûtez la causerie, les digressions, l'art de vivre au temps de Bismarck, la courtoisie un peu vieillotte, ce livre est pour vous.
Sur wikisource une présentation complète (Revue de Deux Mondes, 1898) : https://fr.wikisource.org/wiki/Revues_%C3%A9trang%C3%A8res_-_Le_Dernier_roman_de_Th%C3%A9odore_Fontane

Extraits :
Voici le portrait du baron von Stechlin : « Il gardait encore absolument intact l'orgueil commun à tous ceux qui ont conscience ‘d'avoir été là avant les Hohenzollern' ; mais il refoulait cet orgueil tout au fond de son âme ; et, quand par aventure il l'exprimait au dehors, il s'efforçait du moins de l'envelopper d'ironie. Aussi bien son instinct le portait-il à mettre derrière toute chose un point d'interrogation ».

La description du lac Stechlin apporte une toute petite touche magique : « Tout y est calme, silencieux, endormi. Et cependant, de temps à autre, le lac endormi se réveille. Cela se produit toutes les fois que sur un point quelconque du globe, en Islande, ou à Java, le sol mugit et frémit, ou que les volcans des îles Hawaï lancent dans la mer une pluie de cendres. Alors le Stechlin s'émeut, et un mince filet d'eau jaillit, puis retombe. C'est ce que savent tous ceux qui habitent la région : et, quand ils en parlent, ils ne manquent pas d'ajouter : ‘Oui, le jet d'eau, c'est l'ordinaire, presque le banal : mais lorsque, là-bas, à l'autre bout du monde, se passe quelque chose de grand, comme il y a cent ans à Lisbonne, alors le Stechlin ne se contente pas de fumer et de s'agiter ; alors, au lieu du filet d'eau, on voit jaillir du lac un coq rouge, et de tout le pays on l'entend chanter ! Tel est le lac Stechlin'. »
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