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Pierre Grappin (Traducteur)
EAN : 9782070133369
294 pages
Gallimard (21/04/2011)
3.81/5   13 notes
Résumé :
Madame Jenny Treibel est le triomphe de Fontane.
Effi Briest et d'autres romans sont plus connus, en Allemagne comme en France, mais c'est à Jenny Treibel qu'on revient lorsqu'on veut illustrer la manière et le style de l'auteur. Ce court roman est un des mieux réussis, comme si l'auteur s'était senti particulièrement à l'aise dans ce sujet. L'intrigue est légère, un projet de mariage entre deux jeunes gens que les contraintes sociales feront échouer.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Parce qu'elle possède la fougue de la jeunesse, la vivacité d'un esprit brillant, la certitude de ses convictions, Corinne Schmidt, fille de professeur titulaire dans un lycée de Berlin, s'emploie à écrire sa propre histoire et à forger son destin. Mais au XIXe, le volontarisme surtout lorsqu'il est féminin ne répond pas aux canons de la société.
Au contact de la bourgeoisie industrielle de Berlin, elle doit affronter la mère de son prétendant, Jenny Treibel, riche commerçante qui revendique son appartenance à la bourgeoisie naissante, et avec elle tout le poids des exigences de cette classe émergente, plus encline à chercher le bonheur de ses enfants auprès de l'aristocratie prussienne.


Madame Jenny Treibel est le roman de Théodore Fontane où éclate son talent de peintre naturaliste de la bourgeoisie commerçante d'après-guerres (de Prusse). A l'image de Zola, il construit la trame narrative sur l'observation des comportements d'une classe de la société sous la pression du milieu et des évènements. Pas d'intrigue menée tambour battant, pas de célébration du romantisme allemand, pas d'exaltation des sentiments, mais presqu'une étude in fine des réalités sociologiques de la société allemande du XIXe dans laquelle s'exprime pleinement le regard perspicace du journaliste qu'a été Fontane.
A la seule différence avec Zola ou Döblin, Fontane ne s'attarde pas sur les pauvres bougres et les petites gens : il porte son attention sur la bourgeoisie industrielle, ambitieuse et très conservatrice, soucieuse de son honneur d'autant plus qu'il est récent.

Mas lire Madame Jenny Treibel c'est avant tout opter pour le charme des romans désuets : dans un décor quelque peu fané, on observe une société qui cultive la douceur des moeurs, l'élégance surannée, l'entregent des parents puisque le bonheur des enfants dépendait des parents. C'est une société qui se laisse bercer par un hymne à la flatterie des vanités et au ménagement des susceptibilités. Toutefois, l'écriture raffinée ne dispense pas l'auteur de son regard pertinent voire ironique lorsque la raideur des convenances de cette nouvelle bourgeoisie trahit l'ascension récente de ses membres.
Si l'auteur a adopté une esthétique classique, la trame narrative s'inscrit cependant non dans un récit factuel mais dans les discussions de salon, les monologues intérieurs. La force de ce roman est certainement de dessiner la prégnance des relations sociales dans un récit dialogué.
C'est une fiction qui ressuscite un monde humain avec une perspective divertissante.

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Pourquoi Fontane, auteur très aimé outre-Rhin, est-il si peu lu par nous autres francophones? L'Allemagne, ou les pays germanophones - avec toute leur variété de paysages et d'ambiances, avec leurs « climats » déterminés par l'histoire complexe de chaque morceau de terre germanique - semblent moins attirer en France que les landes anglaises tourmentées ou la grande plaine américaine. Moi, j'aime voyager partout à travers la littérature, et je recommande chaudement Fontane, peintre sans égal de la Prusse avant la Première Guerre mondiale, qui vous emmène, dans ce roman, dans le Berlin de l'empereur Guillaume, capitale encore un peu provinciale de l'immense empire allemand.
« Madame Jenny Treibel » raconte le chemin sinueux de deux fiançailles parallèles dans deux familles de la bourgeoisie berlinoise, l'une aisée (des industriels), l'autre plus à l'étroit financièrement,
mais plus éclairée (des intellectuels). L'auteur procède en juxtaposant de vastes tableaux de genre: une grande réception dans la villa prétentieuse des riches industriels, une partie de campagne, un repas entre amis savants chez un brave professeur au gymnase, des scènes de la vie familiale… Trois êtres jeunes et donc inexpérimentés - une jeune fille, deux jeunes hommes - y apprendront beaucoup sur les règles de la société: ce qu'elle autorise et n'autorise pas, l'hypocrisie et la bassesse des uns, la hauteur d'âme et la générosité des autres… Ils apprendront beaucoup sur eux-mêmes aussi.
La comédie sociale que raconte ici Fontane n'a rien à envier à certaines oeuvres de Henry James ou d'Edith Wharton: même intérêt pour la destinée et la condition des femmes, même sens de l'ellipse et du non-dit, même virtuosité dans les dialogues, même humour ravageur quoique subtil. Mais le cadre est différent, il change d'autres contextes qui nous sont plus familiers. D'où un intérêt supplémentaire… et, au bout du compte, un régal!
Si vous lisez et aimez « Madame Jenny Treibel » - et avez déjà lu « Effi Briest » -, je recommande « Errements et Tourments » (paru dans le volume Fontane chez Bouquins, ou séparément sous le titre « Dédales »), moins satirique que le premier mais d'un pinceau plus délicat et pour moi encore plus attachant.
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Tableau de moeurs et portrait d'une famille bourgeoise à Berlin au temps de Bismarck. Une exquise satire dont la figure principale, la respectable Jenny Treibel, possède un caractère bien trempé. Elle a réussi dans sa vie grâce à un beau mariage, elle est sure d'elle et de ses valeurs ; elle s'exalte sur la poésie et les choses de l'esprit, mais ne pense qu'à sa fortune. Quant aux autres personnages, le romancier imagine des types fortement dessinés, avec leurs tics et leur jargon.

Ce portrait de la bourgeoisie triomphante au temps de Gründerzeit (c'est-à-dire l'époque des fondateurs, synonyme de boom économique) se lit facilement, souvent avec le sourire, en savourant les piques et les clins d'oeil. L'intrigue est ténue, avec certaines symétries qui donnent de la cohérence à l'ensemble ; mais ce qui compte finalement c'est le milieu et l'étude de caractères. Voilà, c'est mon coup de coeur du moment. le texte est fluide en VO, cependant la traduction le rend … comment dire … plus chargé peut-être.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Mais il y a recevoir et recevoir. Recevoir en société, cela marche un temps ; mais recevoir dans sa famille pour le reste de sa vie, cela ne marche plus. Car on peut entrer dans une famille ducale, mais on n’entre pas dans une famille bourgeoise.
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"Tu ne sais pas quel trésor est la jeunesse et comme les sentiments purs, qu'aucun souffle grossier n'a encore ternis, sont et demeurent ce que nous avons de meilleur."
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