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Critique de transat


Pourquoi Fontane, auteur très aimé outre-Rhin, est-il si peu lu par nous autres francophones? L'Allemagne, ou les pays germanophones - avec toute leur variété de paysages et d'ambiances, avec leurs « climats » déterminés par l'histoire complexe de chaque morceau de terre germanique - semblent moins attirer en France que les landes anglaises tourmentées ou la grande plaine américaine. Moi, j'aime voyager partout à travers la littérature, et je recommande chaudement Fontane, peintre sans égal de la Prusse avant la Première Guerre mondiale, qui vous emmène, dans ce roman, dans le Berlin de l'empereur Guillaume, capitale encore un peu provinciale de l'immense empire allemand.
« Madame Jenny Treibel » raconte le chemin sinueux de deux fiançailles parallèles dans deux familles de la bourgeoisie berlinoise, l'une aisée (des industriels), l'autre plus à l'étroit financièrement,
mais plus éclairée (des intellectuels). L'auteur procède en juxtaposant de vastes tableaux de genre: une grande réception dans la villa prétentieuse des riches industriels, une partie de campagne, un repas entre amis savants chez un brave professeur au gymnase, des scènes de la vie familiale… Trois êtres jeunes et donc inexpérimentés - une jeune fille, deux jeunes hommes - y apprendront beaucoup sur les règles de la société: ce qu'elle autorise et n'autorise pas, l'hypocrisie et la bassesse des uns, la hauteur d'âme et la générosité des autres… Ils apprendront beaucoup sur eux-mêmes aussi.
La comédie sociale que raconte ici Fontane n'a rien à envier à certaines oeuvres de Henry James ou d'Edith Wharton: même intérêt pour la destinée et la condition des femmes, même sens de l'ellipse et du non-dit, même virtuosité dans les dialogues, même humour ravageur quoique subtil. Mais le cadre est différent, il change d'autres contextes qui nous sont plus familiers. D'où un intérêt supplémentaire… et, au bout du compte, un régal!
Si vous lisez et aimez « Madame Jenny Treibel » - et avez déjà lu « Effi Briest » -, je recommande « Errements et Tourments » (paru dans le volume Fontane chez Bouquins, ou séparément sous le titre « Dédales »), moins satirique que le premier mais d'un pinceau plus délicat et pour moi encore plus attachant.
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