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Critique de horline


Parce qu'elle possède la fougue de la jeunesse, la vivacité d'un esprit brillant, la certitude de ses convictions, Corinne Schmidt, fille de professeur titulaire dans un lycée de Berlin, s'emploie à écrire sa propre histoire et à forger son destin. Mais au XIXe, le volontarisme surtout lorsqu'il est féminin ne répond pas aux canons de la société.
Au contact de la bourgeoisie industrielle de Berlin, elle doit affronter la mère de son prétendant, Jenny Treibel, riche commerçante qui revendique son appartenance à la bourgeoisie naissante, et avec elle tout le poids des exigences de cette classe émergente, plus encline à chercher le bonheur de ses enfants auprès de l'aristocratie prussienne.


Madame Jenny Treibel est le roman de Théodore Fontane où éclate son talent de peintre naturaliste de la bourgeoisie commerçante d'après-guerres (de Prusse). A l'image de Zola, il construit la trame narrative sur l'observation des comportements d'une classe de la société sous la pression du milieu et des évènements. Pas d'intrigue menée tambour battant, pas de célébration du romantisme allemand, pas d'exaltation des sentiments, mais presqu'une étude in fine des réalités sociologiques de la société allemande du XIXe dans laquelle s'exprime pleinement le regard perspicace du journaliste qu'a été Fontane.
A la seule différence avec Zola ou Döblin, Fontane ne s'attarde pas sur les pauvres bougres et les petites gens : il porte son attention sur la bourgeoisie industrielle, ambitieuse et très conservatrice, soucieuse de son honneur d'autant plus qu'il est récent.

Mas lire Madame Jenny Treibel c'est avant tout opter pour le charme des romans désuets : dans un décor quelque peu fané, on observe une société qui cultive la douceur des moeurs, l'élégance surannée, l'entregent des parents puisque le bonheur des enfants dépendait des parents. C'est une société qui se laisse bercer par un hymne à la flatterie des vanités et au ménagement des susceptibilités. Toutefois, l'écriture raffinée ne dispense pas l'auteur de son regard pertinent voire ironique lorsque la raideur des convenances de cette nouvelle bourgeoisie trahit l'ascension récente de ses membres.
Si l'auteur a adopté une esthétique classique, la trame narrative s'inscrit cependant non dans un récit factuel mais dans les discussions de salon, les monologues intérieurs. La force de ce roman est certainement de dessiner la prégnance des relations sociales dans un récit dialogué.
C'est une fiction qui ressuscite un monde humain avec une perspective divertissante.

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