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Critique de Annette55


Voilà un livre très difficile à qualifier, après sa lecture je m'interroge toujours : qui est Ferdinand?
Silhouette trapue, visage fermé, attitude taiseuse, l'homme en question fait régner la terreur chez lui.

Ses silences menaçants et ses colères froides terrorisent son épouse :Thérèse et ses quatre enfants:Kiki, Pipe, Paul et l'aîné dit le Baron parce qu'on trouvait qu'il prenait des grands airs.
Il s'appelle Ferdinand, il avait fait la guerre de 14.
"Mais on peut dire qu'il fermait le bec là- dessus...de toute manière le grand principe c'était de la fermer et puis de se tirer de cet enfer domestique autant qu'on pouvait....."
Béatrice Fontanel construit son récit d'une main de maître, s'agit- il d'un roman ou d'un récit familial?
On est en droit de se le demander...
Elle bâtit son ouvrage comme une enquête très maîtrisée.
Elle interroge les enfants soixante ans plus tard.
Elle entreprend un documentaire d'investigation mêlant, distillant et convoquant des voix diverses et contradictoires autant que complémentaires.
Le talent de l'auteur consiste à donner la parole aux uns et aux autres. Elle les écoute, elle leur donne la parole avec leurs souvenirs et leurs états d'âme contrastés.
C'est l'histoire de Ferdinand, un homme ambigu, opaque, mutique, despote à la maison.
C'est un héros courageux et bon dans les combats de la première guerre mondiale, il n'a pas 20 ans, il ramène un camarade blessé sur son dos au péril de sa vie, il l'écrit à ses parents:"C'est en conduisant l'une de ces corvées que j'ai eu un de mes camarades grièvement blessé, puisque la plaie a nécessité l'amputation de la jambe," il reçoit plusieurs croix et citations pour sa bravoure.
Plus tard Ferdinand est blessé et intoxiqué en novembre 17, non évacué, il reste jusqu'au bout,l'officier débrouillard Ferdinand se fait envoyer dans la poudrière des Balkans, c'est plus sûr, la guerre , il l'a dans la peau.
Vingt cinq ans plus tard , résistant aux allemands, déporté à Mauthausen , il ne reviendra pas.
C'est un livre intense mais dont on sort sans connaître vraiment Ferdinand,lorsqu'il est arrêté en 1944, son fils Kiki âgé de 17 ans avoue"Je me suis dit, enfin, une journée tranquille."
Était ce seulement un tyran domestique ou un homme définitivement brisé par les horreurs de la guerre?
Je terminerai en citant Béatrice Fontanel : "Cette guerre de mines finalement, c'est à l'intérieur de Ferdinand qu'elle a creusé ses excavations, dans le calcaire de son être, en lui les fourneaux installés, avec ses mines à feu inattendues que ses enfants subiront jusqu'à la fin sans comprendre."

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