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Critique de Nastie92


Un texte court et percutant pour nous raconter une histoire malheureusement vraie, celle de jeunes femmes victimes d'un "serial killer" à Vancouver.
Bien sûr, il y a l'horreur absolue des actes du coupable (soixante-neuf victimes, cela semble irréel), son absence totale de remords lors de son procès, qui nous montrent un homme complètement déshumanisé.
Mais au-delà de ces atrocités, il y a bien pire dans ce texte. Oui, ce qui frappe le plus à la lecture, c'est l'indifférence générale de la population et de la police locale face aux disparitions à répétition.
Pourquoi a-t-il fallu autant de temps (et autant de victimes) avant que l'affaire soit prise au sérieux ? Pourquoi toutes ces disparitions qui s'accumulaient au fil des ans n'ont-elles pas ému plus de monde ? Et comme le dit une amie de nombre d'entre elles : "Comment toutes ces femmes ont-elles pu être à ce point invisibles aux yeux des autres, subir de telles horreurs, sans que personne les ait jamais entendues hurler ?"
La réponse à ces questions n'est pas belle à entendre, elle fait mal au lecteur, mais c'est un mal nécessaire, un mal qui fait du bien, si j'ose dire : ces femmes étaient considérées comme des citoyennes de seconde catégorie, parce qu'elles étaient droguées et prostituées, et qu'elles vivaient dans les bas quartiers de Vancouver. De plus, la plupart étaient amérindiennes ou métisses. Leur disparition n'émeut personne ou presque, elle arrange même beaucoup de gens.
Élise Fontenaille a délibérément choisi de sortir cette affaire au moment des Jeux olympiques de Vancouver, parce qu'elle en est le "négatif absolu". "D'un côté, les cimes, la blancheur, la glace, l'exploit, la vitesse, les corps vainqueurs, venus du monde entier, ce que Vancouver veut montrer au monde, une image rêvée... de l'autre, la noirceur, un gouffre au coeur de la ville, les corps vaincus, détruits, drogués, les Indiennes, l'échec, la mort, tout ce que l'on voudrait cacher."
Élise Fontenaille ne mâche pas ses mots quand elle évoque le "péché collectif de la ville" ou encore la "cécité de la cité". Mais attention, ne nous précipitons pas illico pour blâmer Vancouver et ses habitants : cette histoire sordide est malheureusement universelle. En tout temps et en tous lieux, la tentation est grande d'attribuer plus ou moins de valeur à telle ou telle catégorie d'êtres humains. Les exemples, hélas, ne manquent pas.
Merci à Élise Fontenaille de nous rappeler avec force les dérives que ce jugement peut entraîner.
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