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Critique de valleg


valleg
08 décembre 2013
A room with a view… une vie avec vue sur l'Arno ou bien une vie avec vue sur cour ?
Tel est le choix que devra faire Lucy Honeychurch, jeune anglaise de bonne famille, tiraillée entre deux prétendants qui lui offrent des horizons bien différents.

Le petit monde de Lucy est plein de convenances et de préjugés, de cette conception étriquée de l'ordre social où il y a ceux qui sont fréquentables et ceux qui ne le sont pas, de cette phallocratie qui enferme le désir féminin. Rien ne l'a prédisposée à le remettre en cause ce monde, si ce n'est peut-être cette façon passionnée de jouer Beethoven… et puis son voyage en Italie et sa rencontre avec les Emerson, père et fils, anglais anticonformistes et athés. Alors l'esprit et les sens de Lucy s'éveillent et les doutes et les interrogations l'assaillent.

Forster raconte avec subtilité le combat intérieur de la jeune fille pour dépasser les conventions sociales et affirmer sa liberté de choix. Héroïne emblématique des sentiments et conflits qui caractérisent les adolescents, Lucy est un personnage très attachant et intemporel.
Dotée d'émotions et de réflexions, elle contraste avec la bonne société de la pension Bertolini qui avance dans la vie comme elle voyage à l'étranger, avec un guide Baedeker à la main pour ne pas risquer de s'écarter du droit chemin. Les personnages secondaires dont les comportements et jugements stériles apportent beaucoup d'humour au récit, servent la critique sociale, voir la dimension politique du roman de Forster.

Publié quelques années après la mort de la reine Victoria, l'auteur oppose une société britannique encore engluée dans les conventions victoriennes et qualifiée de moyenâgeuse, à la « renaissance » italienne et à l'hypothétique « renaissance » édouardienne, représentée par les Emerson et Lucy, libres de pensées et d'actions, mais encore bien seuls et marginalisés.

Forster mêle avec beaucoup d'habileté le roman sentimental et le roman d'apprentissage à une critique sociale mordante et j'adore ça ! Cette relecture d' « Avec vu sur l'Arno » m'a comblée une fois de plus : j'en « pince » pour ce roman c'est indéniable !
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