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Critique de domi_troizarsouilles


Voici un livre qui est apparu à l'occasion d'une « Offre éclair Kindle » quotidienne, et j'ai craqué pour la double raison que j'ai entendu du bien de l'auteur (j'avais d'ailleurs déjà « le bureau des affaires occultes » dans ma PAL… mais ne l'ai toujours pas ouvert !) et que le titre fait référence à la ville d'Amboise, que j'ai visitée lors de nos dernières vacances en famille avant le covid. Ville que j'avais bien aimée, on s'en doute, dès lors ça m'intéressait beaucoup de m'y replonger, même en des temps bien reculés !

On a là un Policier de bonne facture, mêlant habilement faits et personnages réels à une intrigue qui prend les libertés nécessaires sans rien dénaturer, et mêlant tout aussi habilement les connaissances en pharmacie de l'auteur – qui ne sont jamais écrasantes, mais qui vont jouer un certain rôle quand même ! – à un langage volontairement truffé de vocabulaire désuet, on a d'ailleurs un glossaire en fin de volume (peu aisé à consulter dans la version ebook, mais à ma grande surprise, j'avais compris le sens de la plupart de ces mots spontanément !), ainsi que quelques notes de bas de page pour les mots utilisés moins fréquemment. C'est donc de façon générale un langage plutôt soutenu, outre le vocabulaire spécifique, car il y a aussi un véritable travail dans les tournures de phrase ou le choix des temps utilisés : l'auteur n'a définitivement pas cédé à la facilité, tout en offrant ainsi un livre tout à fait abordable et même agréable, mais qui demande un minimum d'attention.

Tout cela fait sans doute que l'on se sent réellement immergé dans cette France de la fin du XVe siècle : le langage « fait historique », indéniablement, et participe à une ambiance générale, développée également à travers un mini-voyage dans les appartements royaux, le château et ses (magnifiques) jardins, les quartiers marchands ou les bas-fonds de la ville, et même un bref passage sur la route à l'extérieur. J'avais réellement l'impression de me retrouver dans cette ville des bords de Loire, et même si je ne suis plus capable de tout identifier (je n'y ai fait qu'une assez brève visite de deux jours, après tout), je n'ai pu qu'apprécier de reconnaître certains lieux – dont le fameux château de Cloux, désormais appelé Clos Lucé, qui n'a pas été oublié !
Quant aux personnages, surtout les réels, ils sont eux aussi saisis de façon très adéquate pour l'époque : Charles VIII est mort, mais fait l'objet d'une véritable vénération auprès de la population qui semble le considérer presque comme un dieu (il faut voir la façon dont la jeune Héloïse entre dans les appartements royaux à la demande du chevalier Bayard, avant de se détendre un peu !) ; les autres nobles qui pourraient prétendre au trône s'agitent dans des intrigues de cour très vraisemblables, tandis qu'Anne de Bretagne montre ce visage fragile mais ferme, assez typique de ce qu'on attendait d'une femme (et reine) à l'époque, mais femme de caractère quand même – et tout ce qui tournait autour de ce personnage, en tout cas, correspond tout à fait à ce que jévais entendu lors de notre visite à Amboise !

Les autres personnages, plus librement travaillés (même le légendaire chevalier Bayard), ne m'ont cependant pas tout à fait convaincue. Pierre Terrail, chevalier de Bayard « sans peur et sans reproche » est bien présenté comme tel, mais il se révèle bien plus actif dans le tournoi de paume initial, que dans ses investigations où il semble complètement soumis au grand Chambellan, craintif face à la Reine, et comme un ado indécis face à la jeune Héloïse ! On aurait espéré un héros un peu plus « rentre-dedans », qui ose prendre de vraies initiatives, tandis que là, il semble en manquer, mais fait preuve de grand talent dès lors qu'il s'agit de se défendre de certaines situations a priori bien dangereuses, et avec brio. Héloïse quant à elle est beaucoup plus intéressante : jeune fille décrite comme particulièrement belle (évidemment !) mais affublée d'un pied bot, elle a eu la chance d'avoir un père attentif, et surtout un père apothicaire qui a veillé à l'instruire à sa science, dans laquelle elle excelle autant que lui désormais – même si ce talent, inattendu chez une femme à l'époque, semble bien peu reconnu. C'est elle qui a les idées qui vont dénouer l'intrigue, c'est elle qui encourage Bayard en tout temps et, quand elle se rend compte qu'elle est amoureuse, elle semble beaucoup plus décidée (que Bayard) à faire vivre ses sentiments. Toutefois, elle m'a semblé un peu moins présente que Bayard dans ce livre, presque effacée face à lui et sa carrure de véritable héros, qui se laisse néanmoins attirer par une bien jolie et intelligente acolyte… Cela dit : leur collaboration assez aléatoire au départ est sans doute un reflet voulu de ce qui pouvait se passer à l'époque ; elle est dès lors est tout à fait crédible et participe à tout ce qui fait l'immersion dans cette ville et ce début de Renaissance encore tout empreint de médiévalité.

On arrive ainsi à un dénouement qui a été pour moi tout à fait inattendu, j'avais envisagé divers coupables à ce meurtre présumé de Charles VIII, mais certainement pas celui qui est finalement démasqué ! Cependant, ce n'est pas une histoire « qui sort du chapeau de l'auteur » (ce que je n'aime pas, ceux qui me suivent le savant !) : tout se tient car tous les indices ont été semés tout au long du livre, mais avec l'art de la subtilité. Une très bonne lecture donc, et je pense bien lire la suite tôt ou tard.
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