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Critique de Bouteyalamer


Ancien lecteur de l'Histoire de la folie à l'âge classique, j'ai acheté avec curiosité la Naissance de la clinique, mais je rends compte d'une lecture avortée. La préface annonce pourtant un programme épique, digne de Saint John Perse : « Il est question dans ce livre de l'espace, du langage et de la mort ; il est question du regard » (p 5). On n'y trouve pas de définition de la clinique (étymologiquement, l'exercice au lit du malade), mais on apprend qu'elle naît dans la deuxième moitié du 18e siècle. C'est une « réorganisation formelle et en profondeur, plus que l'abandon des théories et des vieux systèmes, qui a ouvert la possibilité d'une expérience clinique ; elle a levé le vieil interdit aristotélicien : on pourra enfin tenir sur l'individu un discours à structure scientifique » (p 12). Exit Hippocrate et deux millénaires d'observations, absolution des doctrinaires médaillés du 19e siècle, de la phrénologie et du phlogistique. Mais tant pis, les phrases suivantes me titillent : « Cet accès à l'individu, nos contemporains y voient l'instauration d'un “colloque singulier” et la formulation la plus serrée d'un vieil humanisme médical, aussi vieux que la pitié des hommes. Les phénoménologies acéphales de la compréhension mêlent à cette idée mal jointe le sable de leur désert conceptuel ; le vocabulaire faiblement érotisé de la “rencontre” et du “couple médecin malade” s'exténue à vouloir communiquer à tant de non-pensées les pâles pouvoirs d'une rêverie matrimoniale » (p 12). La préface se conclut par une assertion définitive, fièrement reprise dans la quatrième de couverture : « Une fois pour toutes, ce livre n'est pas écrit pour une médecine contre une autre ou contre les médecines pour une absence de médecine. Ici, comme ailleurs, il s'agit d'une étude qui essaye de dégager dans l'épaisseur du discours les conditions de son histoire ». Bon. Les chapitres 1 et 2 s'intitulent « Espace et classes » et « Une conscience politique ». le reste, je l'ai feuilleté, il y a des pages décoratives, de l'autorité, du non-sens. Je m'abstiens d'autres citations.

Oscour. Comment un doctrinaire médaillé pouvait-il écrire le vide avec une telle assurance, au vingtième siècle, sinon pour les adeptes d'une coterie d'initiés ? Quelqu'un ici a-t-il lu ce livre, et pourrait-il m'expliquer la question du regard ?
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