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Critique de domi_troizarsouilles


Je remercie très sincèrement Babelio et les éditions Héloïse d'Ormesson, qui m'ont permis de découvrir ce très agréable livre (et son autrice) dans le cadre d'une Masse critique privilégiée !

Contrairement à plusieurs (si pas la majorité) des lecteurs dont j'ai lu le commentaire sur ce livre, je ne connaissais pas du tout l'autrice ; je n'avais donc aucune attente particulière. En outre, dès les premières lignes, dès le titre d'ailleurs si je suis honnête, j'ai compris que ce récit pouvait rejoindre le clan (très ouvert) de ces romans de littérature contemporaine « légère », qui traitent de problématiques très quotidiennes, pouvant dès lors toucher n'importe quel lecteur, dans un esprit feel-good. Si une telle description peut paraître quelque peu négative ou ironique, c'est tout simplement parce qu'un certain nombre de ces livres que j'ai lus (je ne vais pas les citer, même si j'ai quelques titres bien précis en tête) m'ont plus ou moins déçue, parfois même lassée ou irritée… Certes, d'autres m'ont plu bien davantage, mais je garde toujours une certaine méfiance envers ces histoires qui paraissent presque trop « faciles ». Alors, pourquoi ai-je postulé, me demanderez-vous ? eh bien, j'ai été séduite par la bien jolie illustration de couverture, sans parler du fait qu'on est toujours un peu flatté d'être invité à une masse critique « privilégiée »…
Et puis, on reçoit effectivement un bel objet-livre, avec un marque-pages assorti : c'est un détail mais ça participe au plaisir ! Dès lors, après un petit « pfff » de départ, mais soucieuse de remplir mon contrat de remettre un avis dans un délai raisonnable, je me suis quand même lancée dans ce livre…

… et je l'ai finalement lu d'une seule traite, sans plus pouvoir le lâcher !
Oh ! il ne brille pas par son originalité : les thèmes de la famille réunie, le temps d'un week-end qui va tout bouleverser, dans une maison qui appartenaient aux aïeux (même si, ici, on a en plus le supsense que cette maison, tout juste remise en vente, a été vendue sur le fil à un illustre inconnu) ; l'anniversaire de la mater familias et grand-mère qui se veut « moderne » ; les secrets de famille qui ressortent en autant de mini-bombes qui vont éclater au grand jour aux moments les plus inopportuns ; les relations dans les couples, ou entre parents et enfants, parsemées d'amour mais aussi de non-dits et de potentielles incompréhensions – bref, tout ça, ce sont des thèmes vus et revus en littérature (qu'elle soit légère ou non, d'ailleurs), parfois pris ensemble, parfois séparément, mais disons que ce n'est rien de nouveau sous le soleil. Si Lorraine Fouchet avait présenté un tel canevas à l'un de ces ateliers d'écriture, où l'on me disait qu'il faut veiller à une certaine originalité (sinon, à quoi bon essayer de publier ce qui a déjà été dit, et sans doute mieux que moi ?), elle aurait eu un zéro pointé !

Ainsi, de nouveau, pourquoi n'ai-je pas pu lâcher ce livre ? Ma réponse la plus évidente est : grâce à la profonde humanité qui en ressort.
La plume est donc agréable et légère, toujours fluide, peut-être pas exceptionnelle comme ces grands auteurs qui ont marqué l'histoire de la littérature, mais elle a indéniablement « quelque chose » de plus que tant d'autres feel-good que j'ai lus avec bien moins d'enthousiasme. Il y a, d'une part, ce regard résolument optimiste sur les personnages et sur les situations, un regard qui les fait avancer même quand on est dans le drame, où jamais on ne se complait ; et, d'autre part, on sent que l'autrice parle avec son coeur, avec toute sa sensibilité d'ex-soignante, notamment dans tous ces passages – que j'ai trouvés extrêmement touchants et criants d'une vérité qui n'a pas été souvent été dite en cette période confuse – sur la souffrance des médecins dans le contexte du covid, leur impuissance face à un virus insaisissable qui semble faire un pied-de-nez constant à leur serment d'Hippocrate.
Il faut ajouter à cela le choix d'un découpage en chapitre très courts, ce qui donne un rythme certain à l'ensemble.

Quant aux personnages, ils ne sont pas follement fouillés ; de plus, ils sont assez nombreux, et dans les premières pages je ne m'y retrouvais pas vraiment dans « qui est qui », ce qui avait un petit côté frustrant – je crois bien avoir relu plusieurs pages, ou être retournée quelques pages en arrière pour essayer de fixer l'un ou l'autre nom sur lequel j'étais peut-être passée trop vite, ou bien est-ce ce tempo rapide qui ne laisse pas l'occasion d'approfondir ? Toutefois, peu à peu on parvient à dégager l'arbre généalogique de cette famille bien sympathique, bien campée aussi, à tel point qu'on finit par les voir comme des amis avec qui on partage un bon moment, sans avoir besoin de les connaître à fond au final ! mais ils nous auront donné un petit bout de joie, avant que chacun reparte sur son propre chemin.

Adeline la grand-mère est peut-être celle que j'ai trouvée parmi les moins attachants. C'est que, à force de nous répéter qu'elle ne veut pas être une mamie-gâteau enveloppée dans son châle, mais se veut active et moderne… et puis nous assène à chaque drame sa conclusion hyper-ouverte pleine de sagesse, c'était peut-être un peu trop. On est – paradoxalement - à la limite d'une caricature de la grand-mère idéale qui serait quasi sans défauts en plus, à part quelques vieux secrets enfouis mais qui ne font plus grand mal à personne ! C'est joli c'est gentil, mais ça lui donne un petit côté artificiel trop cliché. J'ai aussi eu un peu de mal avec le personnage de Paul et ses choix, mais je ne peux en dire plus sans risque de divulgâcher…
Tous les autres sont plutôt sympathiques et convaincants : on ressent la souffrance de Pierre qui a perdu pied à cause ce covid qui lui a donné l'impression de parjurer son serment ; on a envie d'encourager Arthur dans sa décision de se donner le temps de réfléchir à son avenir, quitte à briser la tradition familiale d'être médecin de père en fils ; on approuve Martial d'avoir choisi l'amour en dépit des préjugés que provoquent leurs 14 ans de différence « dans le mauvais sens » ; etc. – je ne vais pas tous les citer ! Même celui qui nous est présenté comme le méchant, un personnage au faussement mauvais rôle, est d'emblée plus pathétique que réellement redoutable, et puis très vite émouvant – car, pour ma part, j'ai quasi de suite compris de qui il s'agissait, même si le mystère est maintenu presque jusqu'au bout !

Eh oui, dans tout ça, et malgré les thématiques très classiques, dans une histoire toujours dirigée vers le bonheur, l'autrice a réussi à insérer deux formidables retournements de situation. Les deux ont été bien amenés, et j'avoue que, si j'ai vu venir l'un comme le nez au milieu de la figure, mais qui n'en restait pas moins touchant, l'autre m'a réellement surprise !
Ainsi, je peux conclure avec un réel enthousiasme que ce livre léger, sans prise de tête, est très agréable à lire, grâce à une plume résolument optimiste, une galerie de personnages dépeints tout en sensibilité et un découpage en petits chapitres qui donnent un bon rythme. On n'évite pas quelques clichés et on touche à des thèmes récurrents en littérature, mais leur approche pleine d'humanité donne au lecteur un réel moment de bonheur, et c'est précieux.
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