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Critique de Moumoute25


Enquête dans le milieu clos des abattoirs de la Villette sur l'embrigadement par les milieux antisémites des bouchers parisiens à la fin du XIXe siècle.
La violence idéologique, politique est omniprésente sous la troisième République.
L'antisémitisme, terme apparu quelques années auparavant en Allemagne,en particulier, imprégne progressivement les esprits et les couches de la société française jusqu'à tenter de se donner une dimension politique à partir des années 1892/1893.
Un antisémitisme décomplexé prôné par une poignée d'illuminés comme Édouard Drummont ,Jules Guérin, Maurice Barrés qui repose principalement sur le mythe du complot sémite et l'image du financier international juif qui manipulerait le monde et qu'entretient toute une série de scandales de l'époque (faillite de l'Union Générale, scandale de la viande à soldats,du Panama, affaire Dreyfus...).
Parmi ces agitateurs politiques haineux un personnage tranche par sa singularité c'est le décomplexé volubile et inclassable marquis de Mores personnage central de ce soulèvement corporatif intriguant et peu connu narré par Eric Fournier.
Un de Mores qui par son passé dans le milieu de la boucherie su rallier à son combat contre le péril juif la corporation des bouchers parisiens incarnation croit on d'un ordre social moral et politique passéiste et donner ainsi à un mouvement en pleine structuration avec ces tueurs professionnels puissants et impressionnants ses troupes de terrain et de choc.
Un service d'ordre bourru pour une agitation de bas étage qui va prospérer avec la retentissante affaire Dreyfus et la montée en puissance concomitante de la ligue antisémitique française de Jules Guérin le successeur de Mores à la fin du XIXe siècle.
Les bouchers de la Villette,les plus violents des antidreyfusards mus par une haine viscérale assureront le coup de poing et joueront l'intimidation dans la rue et les réunions parisiennes pour le camp nationaliste au coeur de la forte agitation des ligues d'extrême droite en 1898 1899 dans un athmosphere contre-révolutionnaire de quasi guerre civile.
Un activisme forcené et bruyant témoignage d'un embrigadement fort au final limité car surtout démonstratif et dissuasif.
Un engagement poussé pourtant à son paroxysme lors du fiévreux épisode de fort Chabrol au mois d'août 1899 quand dans un dernier baroud d'honneur les saigneurs de la Villette excédes par les arrestations de leurs collègues et la chute proche de leur gourou agiterent poings et nerfs de boeufs et tinrent tête de la plus violente des manières aux forces de police du préfet Lépine le temps d'une nuit d'émeutes dont Paris se souviendra longtemps.
La République en cette fin de siècle ne tombera pas sous les tentatives seditieuses des extrémistes de droite et des nostalgiques de la monarchie.
Le coup de fièvre des bouchers parisiens micro événement dans ce contexte ne sera qu'un accès de colère léger,bien vite ces putschistes d'opérette comme les appelle Éric Fournier reviendront à leurs affaires peut être avec le sentiment d'avoir été un peu manipulés sûrement aussi avec celui d'avoir pu s'évader un temps de ce milieu fermé qu'est cette cité du sang delaquelle ils n'auraient du s'échapper.
Ce livre intéressant relate parfaitement cet épisode méconnu et surprenant de l'histoire politique française il s'intègre parfaitement dans une étude plus globale d'une époque agitée et fiévreuse,util...
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