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EAN : 9782952829250
147 pages
Libertalia (31/03/2008)
3.92/5   6 notes
Résumé :
A la fin du 19e siècle, les abattoirs de la Villette fascinent les antisémite en quête d'une base populaire conforme à leur idée de la France. Le Marquis de Morès, paladin pégriot, puis Jules Guérin, agitateur vénal, transforment les plus violents des bouchers en troupes de choc nationalistes.
Car l'Affaire Dreyfus s'est aussi déroulée dans la rue, où les puissantes bandes antidreyfusardes entretiennent un climat d'agitation permanente. A ce jeu, ceux de La ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Enquête dans le milieu clos des abattoirs de la Villette sur l'embrigadement par les milieux antisémites des bouchers parisiens à la fin du XIXe siècle.
La violence idéologique, politique est omniprésente sous la troisième République.
L'antisémitisme, terme apparu quelques années auparavant en Allemagne,en particulier, imprégne progressivement les esprits et les couches de la société française jusqu'à tenter de se donner une dimension politique à partir des années 1892/1893.
Un antisémitisme décomplexé prôné par une poignée d'illuminés comme Édouard Drummont ,Jules Guérin, Maurice Barrés qui repose principalement sur le mythe du complot sémite et l'image du financier international juif qui manipulerait le monde et qu'entretient toute une série de scandales de l'époque (faillite de l'Union Générale, scandale de la viande à soldats,du Panama, affaire Dreyfus...).
Parmi ces agitateurs politiques haineux un personnage tranche par sa singularité c'est le décomplexé volubile et inclassable marquis de Mores personnage central de ce soulèvement corporatif intriguant et peu connu narré par Eric Fournier.
Un de Mores qui par son passé dans le milieu de la boucherie su rallier à son combat contre le péril juif la corporation des bouchers parisiens incarnation croit on d'un ordre social moral et politique passéiste et donner ainsi à un mouvement en pleine structuration avec ces tueurs professionnels puissants et impressionnants ses troupes de terrain et de choc.
Un service d'ordre bourru pour une agitation de bas étage qui va prospérer avec la retentissante affaire Dreyfus et la montée en puissance concomitante de la ligue antisémitique française de Jules Guérin le successeur de Mores à la fin du XIXe siècle.
Les bouchers de la Villette,les plus violents des antidreyfusards mus par une haine viscérale assureront le coup de poing et joueront l'intimidation dans la rue et les réunions parisiennes pour le camp nationaliste au coeur de la forte agitation des ligues d'extrême droite en 1898 1899 dans un athmosphere contre-révolutionnaire de quasi guerre civile.
Un activisme forcené et bruyant témoignage d'un embrigadement fort au final limité car surtout démonstratif et dissuasif.
Un engagement poussé pourtant à son paroxysme lors du fiévreux épisode de fort Chabrol au mois d'août 1899 quand dans un dernier baroud d'honneur les saigneurs de la Villette excédes par les arrestations de leurs collègues et la chute proche de leur gourou agiterent poings et nerfs de boeufs et tinrent tête de la plus violente des manières aux forces de police du préfet Lépine le temps d'une nuit d'émeutes dont Paris se souviendra longtemps.
La République en cette fin de siècle ne tombera pas sous les tentatives seditieuses des extrémistes de droite et des nostalgiques de la monarchie.
Le coup de fièvre des bouchers parisiens micro événement dans ce contexte ne sera qu'un accès de colère léger,bien vite ces putschistes d'opérette comme les appelle Éric Fournier reviendront à leurs affaires peut être avec le sentiment d'avoir été un peu manipulés sûrement aussi avec celui d'avoir pu s'évader un temps de ce milieu fermé qu'est cette cité du sang delaquelle ils n'auraient du s'échapper.
Ce livre intéressant relate parfaitement cet épisode méconnu et surprenant de l'histoire politique française il s'intègre parfaitement dans une étude plus globale d'une époque agitée et fiévreuse,util...
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Quel est le lien entre les garçons bouchers de la Villette et l'affaire Dreyfus ? Comment la "droite révolutionnaire" a t-elle instrumentalisé les membres de la "Cité du sang" au profit de l'antisémitisme ? Pourquoi cet engouement pour les tueurs des échaudoirs ? Quel fût leur rôle dans cette crise politique qui frappe alors la France ? Quel dénouement pour cette crise qui prend des allures de farce ? Qu'en est-il des anarchistes de Sébastien Faure et autres antidreyfusards ? Et la police du préfet Lépine ? Et les journaux ? Alors que Paris traverse une période particulièrement troublée de son histoire, les tensions politiques qui couvent depuis la fin de la Commune et la restauration de la 3e République, trouvent dans ces années 1890 une occasion rêvée de s'exprimer. Comme toujours, il y a les instigateurs, les opportunistes et les suiveurs... Parmi les grandes figures du mouvement antisémite, se distingue le Marquis de Morès. Dans son sillage, s'illustre avec zèle Jules Guérin. Durant cette folle période de surenchère à la haine, les bouchers de la Villette, fort de leur virilité, de leur pouvoir et de leur grande gueule, investissent le pavé en scandant "mort aux juifs". La fascination qu'ils inspirent aux nationalistes et autres curieux les propulsent sur le devant de la scène mais l'histoire montre que leur arrogance n'est qu'une coquille vide. Grâce à cette passionnante étude d'Éric Fournier, c'est un épisode assez mal connu de l'histoire de Paris que l'on découvre.

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Dans cet essai, Eric Fournier nous fait découvrir un pan méconnu de l'Histoire de France. En cette fin de XIXème siècle et en pleine affaire Dreyfus, les abattoirs de la Villette vont être le théâtre d'une folie furieuse. Approchés par le marquis de Morès et Jules Guérin, nationalistes antisémites exaltés soutenus et financés par le duc d'Orléans, un grand nombre de bouchers vont répondre à l'appel nationaliste. La Villette, c'est un microcosme hors du temps, une vieille corporation où patrons et garçons bouchers travaillent main dans la main. A la Villette, pas ou peu de syndicats, ni de vent de révolte envers le patronat. Une aubaine pour les nationalistes qui voient dans ces colosses une armée de choc avec laquelle ils sont sûrs de l'emporter. Mauvais calcul. Dans l'imaginaire collectif, le boucher est réduit à sa fonction de tueur. le boucher représente à la fois la mort et la vie, il est celui qui tue et celui qui nourrit, on le craint et il fascine. du meurtre d'une bête à celui d'un homme, il n'y aurait qu'un pas. Mais l'habit ne fait pas le moine. La carrure du vantard boucher est, certes, imposante mais n'est fort heureusement qu'un leurre. A l'approche de l'année 1900, le nationalisme, n'ayant pu percer, semble affaibli. L'affaire Dreyfus a divisé les Français et la police envoie les antisémites fanatiques derrière les barreaux. Les choses "semblent" peu à peu rentrer dans l'ordre.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Plus d'une fois, le lecteur est invité à sourire ou à rire, aux dépens des bruyants matamores des abattoirs. Condamner l'antisémitisme, après tout, est un acte de salubrité publique élémentaire. Mais en rire ? L'affaire n'est-elle pas un sujet grave et l'antismémistisme une bête immonde avec laquelle on ne badine pas ? Sans doute. Mais le rire a sa place dans l'écriture de cette histoire, qu'il répond à des méthodes et à des objectifs." (p.12)
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La plupart des historiens travaillant sur l’affaire Dreyfus ou sur la montée de la « droite révolutionnaire », pour reprendre l’expression de Zeev Sternhell, évoquaient rapidement l’agitation et les violences antisémites des bouchers de La Villette. Mais ceux-ci étaient réduits à un élément incongru, un détail détonnant. Or, cherchant un sujet de maîtrise en 1996, je voulais étudier les liens entre les faits sociaux et les représentations d’une part et les pratiques de la violence politique urbaine d’autre part. Je cherchai un objet au « ras du sol » ou plus précisément au « ras du pavé » parisien. Ces bouchers, qui constituaient l’élite des services d’ordre antisémites, étaient donc un morceau de choix. (extrait de l'entretien d'Eric Fournier avec W. Blanc du site Goliards, les humanités populaires).
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Les émeutiers, menés par ceux des echaudoirs, chargent la rousse,aux cris de "Mort aux vaches"!
Pour la seule fois sans doute de l'histoire des émeutes parisiennes,ce cri convenu est hurlé par des professionnels de la chose.
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Un prétendant au trône de France persuadé qu'une poignée de nervis peut renverser la République, sous prétexte que leurs mains ne tremblent pas lorsqu'ils égorgent un bœuf solidement entravé.
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Interrogé par le journal, un boucher confirme que les abattoirs ourdissent un "lomplotcrème contre la lépubliquereme". En une journée, le pouvoir doit être renversé. Inquiétant ? Non, risible. Car le journal en question est Le Rire, hebdomadaire satirique.
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