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Critique de Presence


Ce tome regroupe le numéro spécial introductif "Book of the skull", et les épisodes 1 à 7 du crossover "Fear itself", parus en 2011.

"Book of the skull" (scénario d'Ed Brubaker, dessins de Scot Eaton, encrage de Mark Morales) - Aidée par Baron Zemo, Sin (la fille de Red Skull, l'ennemi juré de Captain America) récupère le moyen d'accéder à une arme secrète, reste d'une expérience entamée par son père en 1942. Ed Brubaker assure le minimum syndical pour expliquer rapidement la connexion entre le crossover "Fear itself" et le Red Skull, c'est-à-dire Captain America. Il ressert encore une fois un combat pendant la seconde guerre mondiale. Pas très original. Eaton et Morales effectuent un travail à peu près honnête, aidés par la simplicité des décors dans un désert de sable, suivi par un désert de glace. La relation entre Zemo et Sin sauve le récit de l'ennui. 3 étoiles.

"Fear itself" (scénario de Matt Fraction, dessins de Stuart Immonen, encrage de Wade von Grawbadger, mise en couleurs de Laura Martin) - À Manhattan, une manifestation pour la reconstruction d'un site dégénère en émeute sans que Steve Rogers (Supersoldier) présent sur place n'arrive à se faire entendre. En Antarctique, Sin s'empare de l'objet de pouvoir laissé par son père. À Broxton, Tony Stark annonce la reconstruction d'Asgard sous la houlette de Stark Resilient (son entreprise) et de la main d'oeuvre humaine pour retrouver un peu d'espoir après Siege pendant lequel les terriens avaient assisté à la destruction du domaine des dieux. Mais Uatu (le Watcher) apparaît auprès d'Odin qui n'est pas favorable à cette démarche. Il a l'intention de rétablir Asgard à sa place originelle en prévision d'un combat à venir. Père et fils vont s'affronter.

À l'occasion de son discours d'intronisation à la présidence, Franklin D. Roosevelt a prononcé cette phrase "The only thing we have to fear is fear itself." pour introduire le New Deal. le point de départ de ce crossover est donc de redonner espoir à la communauté humaine en général, et à celle des superhéros en particulier alors que la peur s'empare du coeur des hommes. C'est donc au tour de Matt Fraction de tenter l'impossible : écrire une histoire complète par elle-même avec une distribution pléthorique tout en laissant assez de place pour que les épisodes des séries mensuelles puissent apporter quelque chose au crossover. Sur ce plan, "Fear itself" forme un tout assez complet. Cet objectif est atteint malgré le sacrifice consenti par Tony Stark en cours de route, qui semble vraiment arriver comme un cheveu sur la soupe.

Coté multitude de superhéros, le lecteur est servi, et comme d'habitude, peu d'entre eux ont droit à plus de 3 répliques. Ceux les plus mis en avant dans ce récit sont Thor (l'intrigue principale repose sur la mythologie d'Asgard), Captain America, et dans une moindre mesure Iron Man. Coté grand spectacle, ça pète de partout, la destruction est massive et 2 superhéros ne survivent pas aux batailles. Malgré un bon départ (même s'il faut que le lecteur y mette un peu du sien pour l'opposition entre Odin et Thor), les épisodes 3 à 5 finissent par attirer l'attention sur l'immobilisme du récit. Une fois la menace clairement établie et pleinement déployée, les combats font rage et s'étirent un peu avec une logique de l'ennemi qui laisse rêveur. Non seulement cet ennemi d'une puissance incroyable récupère des robots de la seconde guerre mondiale pour être plus puissant (la logique m'échappe), mais en plus il évite soigneusement d'achever les superhéros quand ils sont à terre. Et puis la stratégie complète d'Odin m'échappe encore. La fin semble d'autant plus téléphonée qu'elle repose sur la série Iron Man (FI Invincible Iron Man). Et l'idée même de peur s'évanouit en cours de route, pour ne jamais atteindre le niveau promis par les couvertures de Steve McNiven.

Il est difficile de résister au pouvoir de séduction de la partie graphique, à commencer par les superbes couvertures de Steve McNiven (qui promettent une histoire plus intéressante qu'elle ne l'est en réalité). Immonen et von Grawbadger adoptent un style qui s'apparente à un succulent dessert pour les yeux. Immonen conçoit des illustrations dans lesquelles il glisse des détails pour les parties qu'il souhaite souligner, et simplifie les autres. de ce fait, la lecture est facilitée et fluidifiée. Il réussit à donner une forte identité visuelle différente à chaque personnage. Il emprunte quelques éléments à Olivier Coipel pour conserver la majesté propre à Asgard et à ses habitants. von Grawbadger complète parfaitement le travail d'Immonen avec un encrage léger, et de petits aplats de noir ne renforçant qu'une expression faciale de temps en temps, ou un personnage plus menaçant qu'un autre.

Dans l'épisode 7, Immonen succombe à la malédiction des crossovers qui veut que l'affrontement final se déroule dans un nuage de poussières masquant tout décor (allégeant ainsi le travail du dessinateur). Heureusement, Laura Martin (la coloriste attitrée de John Cassaday) est une professionnelle de grand talent qui sait enrichir chaque case par des camaïeux énergétiques.

Ce crossover se lit tout seul, les 8 épisodes (prologue + "Fear Itself") se lisent aussi vite que s'il n'y en avait que 5. le scénario est clair et bien structuré, les illustrations sont lumineuses et vives. Mais l'histoire finit par se diluer, perdre en rythme, en intensité dramatique et en cohésion, et l'accumulation de dessins de rues dévastées finit par lasser, malgré le talent des illustrateurs. Au bout de 3 épisodes, le lecteur a du mal à se sentir impliqué dans ces affrontements aux conséquences improbables, et vraisemblablement vite effacées (je doute que Marvel s'attardera sur la reconstruction des différentes villes à moitié détruites). Et le dénouement est plié en 2 temps, 3 mouvements, sans aucune difficulté. Fear Itself a été prolongé par The Fearless, "Fear Itself aftermath - Battle Scars" et "Fear itself" numéros 7.1, 7.2 et 7.3.
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