AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mylena


Je connaissais bien l'histoire des décembristes, mais plutôt du point de vue de l'histoire, ainsi que de son influence sur la littérature russe. Je connaissais vaguement l'histoire de ces huit femmes qui ont suivi leur mari, mais sans plus. Je ne savais même pas que l'une d'elle était française. Une histoire terriblement romantique qu'Irène Frain nous révèle ici de façon magistrale, s'attachant à ne pas trop insister sur ce qu'elle a de plus romantique. Il s'agit bien d'un roman car elle intercale dans sa biographie de Pauline, basée pour l'essentiel sur le récit dicté par Pauline à sa fille en 1861, des notes personnelles sur son voyage à travers la Russie contemporaine, sur les traces de Pauline, en pleine coupe du Monde. La première partie de la vie de Pauline, jusqu'à son arrivée à Moscou, est déjà marqué par des épreuves, principalement à cause de la personnalité de sa mère, envahissante et tyrannique. Son parcours pour lui échapper la conduit d'un emploi de grisette à une place de première vendeuse dans un magasin français de mode à Moscou ; il m'a fait penser à celui de Denise dans Au bonheur des Dames, sauf qu'il ne s'agit pas ici de fiction. Ensuite, séquence très romantique, elle rencontre Ivan Annenkov, riche aristocrate russe, et c'est le grand amour. Difficile d'imaginer amours plus impossibles, plus contrariées, entre la différence sociale et la condamnation d'Annenkov au bagne et à l'exil à plus de 5000 km de Moscou !
C'est là que toute la personnalité de Pauline se révèle, personnalité vraiment passionnante. Comme c'est dommage de ne rien pouvoir savoir du point de vue d'Ivan Annenkov ! La mère de Pauline était déjà haute en couleurs, mais ce n'est rien à côté de celle d'Ivan Annenkov, aux comportements étranges qui paraîtraient invraisemblables dans une fiction.
Irène Frain fait des hypothèses là où le récit de Pauline est un peu trop évasif, et pour les dernières années, après 1830, se réfère à d'autres sources. Sa plume est belle et elle nous fait découvrir à la fois une vie et des pans importants de l'histoire russe : l'influence des guerres napoléoniennes sur l'insurrection décembriste, celle de ces femmes sur l'échec de la répression tsariste , car elles ont remonté le moral aux condamnés et ont permis à la fois qu'ils apportent de la culture et un peu de leurs idées en Sibérie et que, par leurs courriers, ils ne soient jamais oubliés en Russie d'Europe.
Un regret : quel dommage qu'il n'y ait quelques illustrations avec les aquarelles de Nikolai Bestoujev que l'auteur décrit !
Une bien belle biographie, très enrichissante !
Commenter  J’apprécie          380



Ont apprécié cette critique (38)voir plus




{* *}