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Critique de Bunee


Tous mes remerciements à Suzanne des lectures de chez les filles et aux éditions Michel Lafon pour cette découverte.

1761. Un navire français de la compagnie des Indes, l'Utile, parti de Madagascar, vogue vers l'ile de France (désormais l'Ile Maurice). Il est commandé par le capitaine Lafargue, personnage haut en couleur mais sinistre trafiquant. A bord du navire, une secrète cargaison ... d'un nombre important d'esclave.

Lafargue a joué gros sur ce coup. Il a emprunté l'équivalent de plus de 35 ans de salaire en demandant à droite à gauche pour acheter ces esclaves et les revendre sur l'ile Maurice, au nez et à la barbe du gouverneur français en place qui a interdit ce type de trafic dans toute sa zone d'influence ... vraisemblablement pour être le seul à pouvoir s'y adonner et éliminer ses concurrents.

Pourvu que le cours de l'esclave ne s'effondre pas avant l'arrivée de l'utile, Lafargue sera immensément riche.

Mais le diable a décidé de s'en mêler. Il y a a bord deux cartes, l'une, vieille de plus de vingt ans, officielle fournie par la compagnie des Indes, et l'autre, dite "De Bayonne". Mais Lafargue compte sur sa chance légendaire ...

Enfermé dans ses certitudes et son silence, il maintient cap à l'est, malgré les tentatives de l"équipage pour lui faire changer d'avis.

Et l'inéluctable arrive: dans la nuit, le navire talonne. Lafargue n'apparaît pas, cloîtré - devenu fou comme on l'apprendra plus tard - dans les lieux d'aisance. Et pourtant il faut qu'il apparaisse, car seul un capitaine peut donner l'ordre d'abandonner le navire.

Devant l'urgence (le bateau commence à se disloquer sous l'effet des déferlantes), le premier lieutenant du vaisseau, Castellan, donne les ordres avec un sang froid extraordinaire. Tout le monde s'affaire sur le bateau en proie à la colère des flots ... et les esclaves restent dans la cale, qui est clouée. Les cadavres des noyés apparaissent peu à peu à la surface.

Abandon du navire. 122 membres d'équipage et une soixantaine d'esclaves échouent sur cette île. Plus précisément un ilôt minuscule, avec très peu de végétations et très peu de relief.

Entièrement constitué de corail, couronné d'un "diadème de déferlantes".

La vie des naufragés s'organise, sous la gouverne de Castellan, qui est de plus en plus épuisé mais réussit à maintenir un certain ordre et à éviter le chaos. Un puit est creusé. Il organise la construction d'une prame. Seuls une vingtaine de membres d'équipage sont au départ volontaires pour y travailler. Les esclaves s'y mettent aussi.

A force de travail acharné, la prâme est construite. Seulement elle est trop petite pour accueillir tout le monde. Les esclaves resteront donc sur l'ilot. Castellan les quitte la mort dans l'âme, en jurant de venir les chercher au plus vite.

Seulement, ce ne sera pas aussi simple. le gouverneur comme la compagnie refuse de le laisser aller chercher les esclaves abandonnés qui, peu à peu tomberont dans l'oubli. Castellan est rongé par son serment. Les manuscrits relatant le naufrage sont édités et diffusés, malgré la censure. Condorcet est scandalisé par le sort réservé aux esclaves.

Il faudra attendre 15 années pour que les rescapés puissent s'échapper de l'ile, grâce à l'expédition organisée par Tromelin.

Le récit est très rythmé, et l'auteur réussit à mettre en scène l'histoire de façon efficace. Les personnages ont beaucoup d'épaisseur, et c'est avec une grande curiosité, un grand intérêt que l'on parcourt le récit. On partage la révolte de Castellan qui est empêché de tenir sa promesse, contre le sort de ces malheureux.
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