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Critique de Afleurdelivres


Un récit autobiographique poignant et éloquent. Un crime passé sous silence, dont a été victime la soeur aînée de l'auteure, Denise, une discrète septuagénaire, une «invisible ». Sa mémoire est désormais prisonnière du grippage de la machine judiciaire elle-même embourbée dans une société aux multiples dysfonctionnements. Enquête négligée, gelée, oubliée.
Les faits: en cette fin d'été 2018 dans une banlieue pavillonnaire parisienne ceinturée par les grandes enseignes, située non loin d'une « zone sensible » alors qu'elle confectionne chez elle des sachets de lavande Denise est victime d'une infraction pour vol avec agression. « Massacrée » de coups elle décède quelques semaines plus tard. Irène Frain apprend le décès de sa soeur avec qui la communication est rompue sans avoir eu connaissance de l'agression. En rupture avec sa famille elle ne se heurte pas seulement au silence de la justice mais aussi au mutisme familial. Blessée par cette indifférence « quelle que soit son origine, le silence est une agression » elle tente de mener sa propre enquête et de faire avancer le dossier car les informations parcellaires et les imprécisions n'auront jamais permis d'éclaircir le déroulement et le moment précis de l'agression encore moins de retrouver l'agresseur. L'enquête est au point mort. Sans le rapport du policier qui dirige l'enquête préliminaire pas de juge d'instruction et sans juge d'instruction pas d'accès au dossier dans cette « Kafkaïenne embrouille » comment faire avancer l'enquête? Quelle marge de manoeuvre pour la partie civile ? Elle décide d'agir mais aussi d'écrire car « cette mort ne peut pas rester sans voix ». Elle réalise rapidement les limites de la justice de masse et que le temps judiciaire n'est pas le nôtre et puis « un meurtre de vieille dame faut-il vraiment qu'on s'y arrête ? ».  Irène Frain mêle dans un style fluide, sincère et prenant un fin portrait à la fois social et intime.
Lorsque « la vie bascule, le passé resurgit » aussi elle redonne vie à sa soeur et se souvient de sa fée-marraine, cette jeune fille précoce, cultivée, réservée, artiste, qui incarnait l'enfant et la femme idéale. Elle était sa lumière, son modèle. Denise, l'enfant prodige, chouchou de sa mère (alors qu'Irene se sent rejetée), au pouvoir « quasi divin » qui illuminait leur vie et a fait entrer la culture au sein de la famille. Jusqu'à ce qu'elle sombre dans la dépression et s'éloigne des siens. Hymne au pouvoir de la littérature « je dois aux livres ma victoire contre le silence » beaucoup de passages font mouche, mention spéciale pour celui pages 237 à 241 si tristement juste et bouleversant. ✨Denise✨toujours inexistante pour le « mastodonte » judiciaire mais bien vivante dans la mémoire des siens et des lecteurs.




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