AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,51

sur 519 notes
Un récit autobiographique poignant et éloquent. Un crime passé sous silence, dont a été victime la soeur aînée de l'auteure, Denise, une discrète septuagénaire, une «invisible ». Sa mémoire est désormais prisonnière du grippage de la machine judiciaire elle-même embourbée dans une société aux multiples dysfonctionnements. Enquête négligée, gelée, oubliée.
Les faits: en cette fin d'été 2018 dans une banlieue pavillonnaire parisienne ceinturée par les grandes enseignes, située non loin d'une « zone sensible » alors qu'elle confectionne chez elle des sachets de lavande Denise est victime d'une infraction pour vol avec agression. « Massacrée » de coups elle décède quelques semaines plus tard. Irène Frain apprend le décès de sa soeur avec qui la communication est rompue sans avoir eu connaissance de l'agression. En rupture avec sa famille elle ne se heurte pas seulement au silence de la justice mais aussi au mutisme familial. Blessée par cette indifférence « quelle que soit son origine, le silence est une agression » elle tente de mener sa propre enquête et de faire avancer le dossier car les informations parcellaires et les imprécisions n'auront jamais permis d'éclaircir le déroulement et le moment précis de l'agression encore moins de retrouver l'agresseur. L'enquête est au point mort. Sans le rapport du policier qui dirige l'enquête préliminaire pas de juge d'instruction et sans juge d'instruction pas d'accès au dossier dans cette « Kafkaïenne embrouille » comment faire avancer l'enquête? Quelle marge de manoeuvre pour la partie civile ? Elle décide d'agir mais aussi d'écrire car « cette mort ne peut pas rester sans voix ». Elle réalise rapidement les limites de la justice de masse et que le temps judiciaire n'est pas le nôtre et puis « un meurtre de vieille dame faut-il vraiment qu'on s'y arrête ? ».  Irène Frain mêle dans un style fluide, sincère et prenant un fin portrait à la fois social et intime.
Lorsque « la vie bascule, le passé resurgit » aussi elle redonne vie à sa soeur et se souvient de sa fée-marraine, cette jeune fille précoce, cultivée, réservée, artiste, qui incarnait l'enfant et la femme idéale. Elle était sa lumière, son modèle. Denise, l'enfant prodige, chouchou de sa mère (alors qu'Irene se sent rejetée), au pouvoir « quasi divin » qui illuminait leur vie et a fait entrer la culture au sein de la famille. Jusqu'à ce qu'elle sombre dans la dépression et s'éloigne des siens. Hymne au pouvoir de la littérature « je dois aux livres ma victoire contre le silence » beaucoup de passages font mouche, mention spéciale pour celui pages 237 à 241 si tristement juste et bouleversant. ✨Denise✨toujours inexistante pour le « mastodonte » judiciaire mais bien vivante dans la mémoire des siens et des lecteurs.




Commenter  J’apprécie          17116
Ce récit est froid car dénué d'empathie, d'amour et de chaleur humaine.

Il faudra attendre plus de soixante pages pour apprendre qui est cette femme âgée qu'on a violemment agressée un jour de septembre. Il s'agit de la soeur aînée de l'auteure. Soixante pages où le récit s'articule comme un fait divers sordide dans l'indifférence la plus totale. On ne sait qui est qui. Une femme au manteau bleu-noir, on n'en saura pas plus. le ton est tellement étrange dans cette absence de chaleur humaine que c'en est déroutant.

J'ai davantage apprécié la seconde partie où Irène Frain va doucement expliquer le lien qui l'unissait à sa soeur. Même si toute cette partie m'a beaucoup interpelée voire choquée. L'auteure parle avec douceur et admiration de sa soeur, sa marraine-fée. Pourtant voilà douze ans que les deux soeurs ne se sont plus vues. On veut comprendre. Au-delà de ce meurtre, de ce crime sans importance, c'est ce lien qui m'intéressait le plus. Et je vais aller d'étonnement en étonnement.

Tout est assez invraisemblable dans ce récit. La réaction d'un médecin, l'attitude de l'auteure, ça m'a fait froid dans le dos. Certainement que cette histoire est beaucoup plus complexe que les 260 pages que laisse entrevoir ce récit.

Ce ton tellement froid pour accentuer ce crime sans importance traité avec un laxisme déroutant ne m'aura pas convenu.

Vu les liens entre l'auteure et la victime, quelque chose ne sonne pas juste ici. Les années dans le silence, l'indifférence manifeste, ce récit m'a gênée et embarrassée.

Je lui accorde 2,5 ⭐️ ne fut-ce que pour l'écriture soignée de l'auteure et quelques passages qui m'ont touchée.

Décidément, je pense que les récits et les autobiographies ne font pas bon ménage chez moi. Les auteurs veulent certainement s'aider via l'écriture, éviter l'apitoiement et les sentiments dégoulinants, mais souvent tous ces récits me semblent bien froids et vides d'intérêt.
Commenter  J’apprécie          995
Le crime sans importance est celui d'une femme de 78 ans, solitaire, sauvagement assassinée chez elle, vraisemblablement lors d'un cambriolage. On l'apprend plus loin dans ce roman autobiographique, la victime est la soeur de la narratrice. le récit de ce meurtre a été écrit 14 mois après les faits.
De ce crime elle n'a que des fantasmes , les siens, ceux des autres qui ne disposent comme elle que de très peu de données sur les faits ou des informations déformées par les médias et réseaux sociaux ; Irène se perd alors en conjectures douloureuses sur les circonstances du crime et ressasse sans cesse les questions auxquelles elle n'a pas de réponse ; l'enquête n'ayant pas été transmise à la justice, elle ne sait presque rien de ce crime passé sous silence, « sans importance » et auquel personne d'autre qu'elle ne semble s'intéresser. La narratrice en a été informée plusieurs semaines après le meurtre, tout cela la mine. Elle est confrontée au silence de la famille aux liens distendus mais aussi aux dysfonctionnements de la justice et de la police qui se renvoient la balle dans cette affaire. Irène va se battre contre ce qu'elle appelle « le Mastodonte », cette machine lourde, lente et inerte que représente vraisemblablement le système judiciaire, elle reconnait que les individus exerçant au sein du système manquent de moyens pour le faire fonctionner comme il le devrait. Contre la police et à défaut de juge d'instruction, elle va se fabriquer un alter ego avec lequel elle va débattre dans un monologue intérieur qui va l'aider à affronter sa douleur.
Ce crime lui est insupportable, Denise n'a pas pu être assassiné « comme ça », la violence perpétrée à l'encontre de sa soeur lui évoque celle d'Orange Mécanique. Hantée par le fantôme de la victime, Les souvenirs de jeunesse affluent, la narratrice fait tout le long de la narration un portrait précis de cette soeur, c'est une manière de la faire exister, cette ainée tant aimée, qui était sa marraine, son modèle, la favorite de ses parents, mais si fragile qu'elle a dû rompre toute relation avec sa famille depuis son mariage et sa maladie. Irène ne l'a plus revue, pas plus qu'elle n'a revu ses enfants et son mari. Elle développe un fort sentiment de culpabilité.
Pour survivre, sur le conseil d'un ami, elle va écrire cette autobiographie, son combat contre les silences de sa famille et de la justice mais aussi, selon elle, contre la société de consommation qui permet que de telles violences aient lieu.
Elle se bat aussi pour que le crime de sa soeur Denise soit reconnu en tant que tel, pour qu'il ne soit pas classé sans suite, en dernier recours pour ne pas sombrer.
Commenter  J’apprécie          823
Véritable « J'accuse », ce pamphlet dénonce les failles de l'appareil judiciaire lors de l'assassinat de la soeur ainée d'Irène Frain.
Agressée à domicile, cette retraitée est laissée pour morte par son agresseur et décède des semaines plus tard à l'hôpital. La police, s'appuyant sur un rapport du médecin légiste, n'enregistre pas ce décès comme homicide afin de ne pas alourdir les statistiques sur l'insécurité.
Le crime étant considéré comme sans importance, n'est pas confié à un juge d'instruction et reste l'apanage de la police. La famille est donc privée de toute information puisqu'il n'y a pas d'instruction.
La police ne fait pas le lien avec sept autres agressions comparables survenues dans le même lotissement et ne prend aucune mesure de protection … une huitième catastrophe en découle.
Scandalisée par le laxisme et l'indifférence de la justice, Irène Frain dénonce la déliquescence induite par cette situation kafkaïenne et par l'indifférence des élus et des médias.
Ce constat est factuel, glacial, instructif et couvre un tiers de l'ouvrage.
Révoltée par cette faillite, ravagée par la mort de sa soeur, Irène Frain hurle sa peine et se lamente au fil des chapitres. Ses larmes couvrent un second tiers de l'ouvrage que j'ai trouvé bavard, infantile et parfois indécent, même si sa souffrance est évidemment respectable.
Pire, le troisième tiers, dévoile les mystères et les secrets de famille en révélant les failles psychologiques de la victime, en accusant leur mère et en dénonçant l'emprise d'une église évangélique sur sa soeur et ses enfants. N'apportant strictement rien à l'analyse de ce « crime sans importance » ces remugles nauséabondes fragilisent l'ouvrage et salissent la victime.
Quel dommage de ne pas s'être limité à un « J'accuse » de soixante pages et d'avoir sombré dans un règlement de compte familial insipide !
Commenter  J’apprécie          763
Une dame âgée de 79 ans est sauvagement assassinée avec un marteau dans son pavillon de banlieue entouré d'une zone commerciale et industrielle.
Elle confectionnait des sachets de lavande ce jour-là. Elle se promenait souvent autour de sa maison dans la seule zone verte qui restait et parlait à peine à ses voisins, juste ce qu'il fallait.
Par contre ses fils et ses petits-enfants étaient très proches d'elle. Ils faisaient tous partie de l'église évangélique et s'y rendaient chaque dimanche.
C'est d'ailleurs ainsi que son fils a été intrigué de son absence.
Selon la police, elle a été littéralement massacrée.
L'enterrement a lieu plusieurs semaines plus tard quand le corps a été restitué à la famille. Dans l'église, une dame au manteau bleu noir. C'est la soeur de la victime : Irène Frain.
La victime, c'est Denise, sa soeur aînée et sa marraine.
Quand on a lu ses précédents romans, on connaît Denise et ici, on apprend plus d'éléments sur elle.
Elle était surdouée, avait fait des études à la fac mais malheureusement faisait des crises maniaco-dépressives depuis la fac. Elle s'était mariée et avait eu deux garçons. Ses crises avaient cessé vers l'âge de 40 ans quand elle avait commencé à fréquenter l'église évangélique;
Irène ne l'avait plus revu depuis ses crises mais elle avait beaucoup compté dans son enfance. Denise avait constitué un exemple pour elle. Elle était sa marraine. On la voit sur la photo de couverture en train de serrer le bras de Denise.
Irène est soudain prise de colère devant ce silence.
Silence des enfants.
Silence de la police, de la justice. Les deux sont appelés le mastodonte par l'auteur.
Elle craint" les males morts" comme elle les nomme, la hantise de morts brutales, violentes revenant tourmenter les vivants. J'ai moins aimé ce passage sortant des limites pour moi.
Elle va voir un avocat pour faire avancer les recherches. Tout ce qu'on apprendra, c'est qu'il y a eu plusieurs agressions de ce genre dans le bourg mais l'attaquant ne sera pas identifié.
Le récit est très bien décortiqué et analysé. Irène n'hésite pas à s'impliquer. Quand elle prend de la distance, elle redevient la dame au manteau bleu noir.
J'ai apprécié la façon qu'elle a de nommer les agresseurs par "ils" et les témoins ou les curieux par "on".
Un récit de qualité, tout à fait digne d'intérêt, insécurisant parfois.


Commenter  J’apprécie          688
Je découvre l'auteure. Simplement parce qu'elle est « Goncourable » et que chaque année je sacrifie au rituel de chercher mon lauréat personnel. Ici, c'est une autobiographie lacunaire. S'inscrivant dans la grande mode de se raconter, il y a ici une originalité : il n'y a pas de matière romanesque et c'est cette absence qui forme l'ossature de ce roman.
C'est donc bizarre, et j'ai failli abandonner au bout d'une cinquantaine de pages. Demander au lecteur d'imaginer ce qui s'est passé sans jamais le savoir soi-même est certainement original, mais pas très affriolant. J'ai poursuivi néanmoins car c'est comme parcourir la moitié du gué, on se dit que c'est bête de faire demi-tour. Heureusement d'une certaine manière car cela se décante un peu dans la deuxième partie du livre. Il y a un petit côté Annie Ernaux dans cette description d'une ascension sociale telle qu'elle a existé dans les « trente glorieuses » et la fin du vingtième siècle en général. Mais on peut regretter un manque de substance tout de même et de clarté dans ses dénonciations. le gendarme : est-il la grosse feignasse suggérée ? La justice est-elle cette institution boursoufflée et inefficace ? La banlieue ?
Balancez sans retenue madame Frain ! (L'inverse marche aussi)
Dommage à l'heure où l'on vénère la liberté d'expression et qu'on l'érige en parangon de notre société idéale qu'elle ne se mette pas de manière plus évidente, plus affirmée, au service du peuple, des opprimés c'est à dire ici de Denise, la soeur de l'auteure. Si ce crime est ordinaire, alors il ne faut pas hésiter à hurler, à aiguiser sa plume !
A croire que plus on en parle, moins elle existe réellement !
Commenter  J’apprécie          561
J'ai entrepris d'écrire ce livre quatorze mois après le meurtre, quand le silence m'est devenu insupportable".

Le meurtre en question, c'est celui de Denise, la soeur ainée de la romancière Irène Frain, sauvagement agressée chez elle dans sa résidence d'une banlieue parisienne quelconque et qui succomba de ses blessures après plusieurs semaines passées dans le coma.

Apprenant cette agression tardivement, au moment de la mort de sa soeur, Irène Frain, jadis très proche de sa soeur, mais qui s'éloigna d'elle au fil de leurs vies respectives, décide de livrer sa propre enquête sur ce crime barbare, vu que ni la police, ni la justice, ni la presse ( à part un journaliste de la presse locale) ni la famille- notamment les deux fils de Denis, tous deux comme leur mère, membres de l'église évangeliste- ne semblent particulièrement motivés pour mettre la lumière sur cette sordide histoire.

Et la romancière reconnue du "Nabab" ou de "Secret de famille", qui a souvent utilisé un tissu autobiographique pour écrire ses récits, va évidemment utiliser l'arme écrite pour rendre compte de son enquête et de son combat contre le silence médiatique et judiciaire.

Mélangeant présent- ses rendez vous avec l'avocat qu'elle a embauché pour la partie judiciaire, ses relations très distantes avec les fils de Denise- et passé- les relations d'abord passionnelles puis distendues avec cette soeur ainée qui était à part et qui a initié Irène, de famille modeste à l'art et à la beauté mais qui est tombé dans la maladie-les troubles bipolaires- à la vingtaine, Irène Frain raconte cette histoire sans se ménager et surtout pour que sa soeur ne tombe pas dans l' oubli, horizon que l'opinion publique semble envisager pour le tragique destin de Denise ."Je dois aux livres ma victoire contre le silence. Ce sont des passeports. Ils abattent les murs, les remparts, les frontières, toutes les barrières que les humains ont inventé pour s'ignorer, se déchirer."

Le récit, d'une grande force littéraire, déroule dans un double mouvement le silence de la justice, qui traite ces gens-là comme des invisibles, et le silence familial auquel elle s'est confrontée et qui l'a poussée à devenir l'écrivain qu'elle est aujourd'hui.

En posant ses mots , vibrants d'émotion et de colère sur l'indicible, Irène Frain livre avec "Un crime sans importance" un roman qui secoue certes mais qui a également la vertu de consoler et de réparer les âmes meurtries...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          531
« Ce samedi-là, il a fait beau » et c'est ce samedi-là qu'un inconnu entre dans le pavillon et la vie tranquille d'une septuagénaire qu'il roue de coups et laisse pour morte. Sur la table, des fleurs de lavande éparses pour les sachets que la vieille dame était en train de confectionner lorsque surgit la violence. Découverte par son fils et transportée à l'hôpital, elle décèdera de ses blessures six semaines plus tard.
Irène Frain s'empare de ce fait divers sordide parce qu'il la concerne de très près : la victime, Denise, était sa soeur aînée adorée quand elle était petite, sa soeur qui a rompu les liens, a pris ses distances avec sa famille.
Irène Frain « rumine et remâche », elle « fantasme sur le meurtre », s'interroge sur les raisons et sur l'identité du meurtrier. Elle décide de se renseigner sur les avancées de l'enquête mais elle apprend que le policier en charge de l'enquête n'a pas remis son rapport au tribunal, donc aucun juge n'a été saisi de l'affaire. Elle décide de prendre un avocat et de se constituer partie civile pour connaitre les avancées de l'enquête. Mais rien ne bouge. Elle doit aussi faire face au mutisme de sa famille.
C'est lorsqu'un ami lui dit « cette mort ne peut pas rester sans voix » qu'elle décide d'écrire sur Denise, symbole de tous ces invisibles qui n'intéressent pas grand monde. Pourtant, dans cette banlieue pavillonnaire proche d'une cité sensible et coincée entre zones commerciales et rocade, d'autres personnes âgées, isolées, ont été agressées et blessées. Irène Frain pose de vraies questions sur « la justice qui réduit les gens à pas grand-chose ».
Et voilà que, sous la plume sensible et alerte d'Irène Frain, revit la Denise d'antan, cette jeune fille gaie et intelligente qui deviendra professeur. Denise, admirée de tous et qui sera aussi la marraine de cette petite soeur à l'arrivée imprévue et qui dérange la mère.
Irène Frain se livre avec pudeur au décryptage des relations familiales jusqu'à la dépression de Denise et son éloignement. Puis viendra la rupture, douloureuse, avec la soeur tant aimée.

Dans ce récit autobiographique émouvant et prenant, on suit une enquête policière où on assiste, impuissant, à la lenteur de la justice, ce « mastodonte ». Mais les plus belles pages, à mon avis, sont celles qui font revivre cette soeur perdue de vue, la fée-marraine qui a enchanté l'existence de la fillette qu'était lors Irène Frain. Des pages sur les relations familiales avec une mise à nu bouleversante et pleine de retenue.
Un récit poignant qui garde vivant le souvenir de Denise l'invisible et qui m'a profondément touchée.


Commenter  J’apprécie          481
«  Cette mort ne peut pas rester sans voix » .

«  Prenez un carnet, un stylo et écrivez tout ce qui vous passe par la tête » .

«  le ravage a changé de forme » .

«  Je dois aux livres ma victoire contre le silence » .

Quelques passages de ce récit - enquête et que dire après tant de critiques?
Au début , j'ai eu du mal, nous n'apprenons qu'à la page soixante l'identité de la victime , un récit froid qui s'animera progressivement ….

Les faits , rien que les faits …..L'auteure enquête à propos de l'assassinat sauvage de sa soeur aînée , soixante - dix neuf ans , massacrée à l'aide d'un marteau dans sa paisible maison de banlieue en grande région parisienne , alors qu'elle était en train de confectionner de jolis sachets de lavande …

L'agresseur se serait introduit en plein jour dans la maison de l'impasse et l'on ignore à quelle heure .

Face à l'opacité de ce fait divers —— peut - être l'oeuvre d'un serial killer —— l'auteure reconstitue en cinq parties bien construites , l'envers de cette ville de banlieue ordinaire : silence , attente , conjectures, «  zone de l'effroi » , l'intenable , l'innommable ,l'angoisse nocturne l'improférable, , le silence de la justice , de la police , son mépris surtout , la lenteur, l'indifférence crasse , l'absence de réaction de sa famille , elle se doit de réparer ce que la justice a ignoré superbement , négligé, oublié…
Elle veut savoir LA VERITÉ .

Rage et ravage : reconstitution ——-dans des phrases mêlant l'intime et le social , poignantes , éprouvantes , émouvantes , douloureuses , drôles , talentueuses,——— cela lui donne aussi l'occasion de relire au grand jour, faire le point , rappeler ses souvenirs d'enfant , ses rapports houleux avec sa mère , la gentillesse de son père , expliciter l'histoire de sa fratrie dont elle s'est toujours sentie exclue .

«  le talent d 'Irène Frain , c'est la vie, le temps jamais perdu ni vaincu » .
YANN QUEFFELEC.


Commenter  J’apprécie          402
Une vieille dame qui vivait dans une impasse se fait sauvagement agressée. Après quelques semaines dans le coma, cette femme décède. Cette femme c'est Denis, la soeur ainée d'Irène Frain. Elle a entrepris d'écrire ce livre quatorze mois après le meurtre, quand le silence lui est devenu insupportable. Elle s'est retrouvée face au silence de sa famille et mais aussi face à celui de la justice.
Cette histoire est évidemment bouleversante et on comprend aisément qu'elle veut que la justice fasse son travail et avoir des réponses. Comment accepter que le policier qui a fait les investigations n'est pas rendu son rapport quatorze mois après les faits ? Même si l'écriture de ce livre l'a aidé à se réparer, la justice doit faire sa part pour qu'elle continue ce cheminement de réparation. Irène Frain a su mettre la bonne distance dans ce récit, pour mettre une partie de son histoire intime, transmettre l'amour pour cette soeur tout en faisant passer son message. Avec ce livre, sa soeur ne tombera pas dans l'oubli et je lui souhaite d'avoir des réponses un jour. On ne peut pas rester insensible à cette lecture.
Commenter  J’apprécie          370




Lecteurs (977) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..