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Critique de Musa_aka_Cthulie


L'affaire Crainquebille, c'est l'histoire malheureuse d'un marchand des quatre-saisons victime de la bêtise d'un policier, puis piétiné par un pouvoir judiciaire inique.

Tout part du paradoxe insensé de la loi concernant les marchands des quatre-saisons, comme le fait remarquer de façon très pertinente Pierre Dumayet dans l'édition de chez Babel. On demande à Crainquebille de circuler constamment, or il lui faut bien s'arrêter pour vendre ses légumes. À cause d'une cliente très pénible, le voilà forcé de rester à attendre son argent. Oui mais voilà, l'agent 64, policier de son état, entend bien faire respecter la loi : Crainquebille doit circuler, peu importe les circonstances. La loi, c'est la loi, il n'y a pas à tergiverser. La chose s'envenimant (impossible de circuler, la rue est trop encombrée) et Crainquebille s'énervant à cause de la mauvaise foi patente de l'agent 64, qui a décidé de ne rien comprendre, le voilà en plus accusé d'avoir insulté l'agent en question (qui a complètement imaginé l'insulte). Crainquebille se retrouve ainsi entraîné dans un engrenage infernal : arrestation, procès dans lequel il est bien incapable de se défendre d'autant que son avocat a décidé qu'il était coupable, peine de prison, rejet de la société à sa sortie.

C'est écrit avec beaucoup d'humour, humour qui va laisser peu à peu la place au drame. Anatole France, en pleine affaire Dreyfus, puisqu'il écrit L'affaire Crainquebille en 1901, fustige un système judiciaire aussi absurde que cynique, aussi inéquitable que nocif. La charge contre la présence de la figure du Christ dans les tribunaux vaut à elle seule le détour (les États-Unis, entre autres, feraient bien d'en prendre de la graine). C'est drôle, c'est triste, ça touche là où ça fait mal, et ça reste, malheureusement, terriblement d'actualité. La fin est d'une ironie particulièrement mordante et tragique.
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