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Critique de berni_29


Durant la période de confinement sanitaire, de mars à mai 2020, les Éditions Gallimard ont eu l'idée inspirante de publier des textes inédits pour la plupart écrits par des intellectuels de tous bords. Ces textes regroupés sous l'appellation Tracts de crise, sont des essais en prise directe avec leur temps, riches de la distance propre à leur singularité et portant un regard qui est un pas de côté sur cette période particulière qui nous assaille. Ces textes ont été proposés gratuitement en téléchargement aux lecteurs.
Ma surprise fut belle de découvrir parmi ces parutions inédites celle de René Frégni, un auteur que nous sommes nombreux ici à apprécier. Son texte, très court s'intitule Les Jours barbares. Il porte bien son qualificatif de tract.
En quelques lignes bien trempées, l'auteur nous dresse un plaidoyer sans concession sur une humanité responsable de tous les maux, celle qui abime la planète, dérègle le climat, détruit les espèces vivantes, prône des modèles de consommation qui usent les ressources naturelles...
Il nous crie l'urgence de se réveiller, d'ouvrir les yeux, de prendre conscience de notre drame et de notre désolation, de notre responsabilité à la fois individuelle et collective aussi, d'agir...
Ce texte s'ouvre sur des premiers mots dédiés à ses plus proches, sa femme, ses deux filles, trois amis, pas plus...
Des gestes simples étreignent les mots que l'on reconnait pour nous être familiers : fendre du bois, caresser son chat, contempler un pré illuminé des premiers géraniums sauvages et des myosotis encore minuscules, s'enivrer d'une lumière de printemps qui n'a jamais été aussi belle par-delà les collines... C'est aussi un plaidoyer pour la nature, une nature comme en sursis, dont les espèces s'éteignent les unes après les autres par la faute de l'homme. Parfois les mots ont des accents violents, ils sonnent comme une révolte, ce sont les mots d'un auteur entier, qui se tient debout parmi la foule muette et irresponsable, la foule des certitudes, « cette certitude que nous sommes plus intelligents que tout ce qui est vivant autour de nous, les forêts, les rivières, les océans, l'air et tous les animaux qui sautent, rampent, volent. »
On pourrait penser que René Frégni est misanthrope. Sans doute l'est-il un peu... Mais il s'adresse à nous, lectrices et lecteurs qui connaissons ses émotions, ses blessures et ses combats, ses chemins de traverse aussi ; il s'adresse à nous dans cet appel ultime qui est un véritable hymne à la vie.
L'auteur termine son plaidoyer par ses mots qui sonnent comme une invitation à faire la révolution à l'échelle de nos coeurs et de nos rêves : « Nous n'avons que quelques mois pour regarder le printemps, écouter le printemps, marcher dans le printemps. Nous n'avons que quelques mois pour entrer dans l'été et vivre comme les oiseaux, les feuilles, les nuages et les vers de terre. Nous ne sommes pas en guerre. Nous devons tuer la guerre. Nous devons nous ranger du côté du printemps, de la beauté, sinon nous serons balayés et la terre se refermera sur nous, nous oubliera pour ne se concentrer que sur la vie et les saisons qui passent. Nous n'aurons été pour elle qu'un simple virus parmi des millions d'autres, dans ces milliards d'années. »
Celles et ceux qui aiment René Frégni le reconnaitront ici tout entier.
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