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Critique de LivresGay


Personnage principal de ce roman qui se veut le pont entre "Sangs-Mêlés" et "Adam" est… l'auteur lui-même, Jean-Philippe "Ji-Pé" Fresnoy (je ne pense pas vous livrer un secret si je vous dis que c'est un pseudonyme). Il a connu un succès fulgurant avec sa saga familiale "Sangs-Mêlés", à tel point qu'il se fait inviter dans des émissions de télé consacrées à la littérature (il repart d'ailleurs, en prime, avec un bel animateur comme nouveau compagnon de vie) et que son récit est sur le point d'être adapté au petit écran. Fort de ce remarquable succès, il attire un nombre impressionnant de fans inconditionnels qui ont fait de l'ouvrage leur livre de chevet. Certains vont même jusqu'à imiter un des personnages principaux, Alexandre, et se donnent une mort qu'ils espèrent libératrice.

De là se met en branle tout une intrigue originale que le synopsis résumé assez bien (voir plus haut), une trame faite de rencontres fortuites (mais le sont-elles vraiment ?), projets machiavéliques de vengeance, réminiscences, amour et haine. L'on se trouve constamment sur le fil entre la réalité, tantôt banale, tantôt flamboyante, selon les situations, et le surnaturel. On est ballotté entre terre (voire terre-à-terre), ciel et enfer. La question est de savoir qui, des anges et des démons, va le remporter ?

À vrai dire, ce court texte était pour moi ce que l'on appelle en anglais "a mixed bag". On emploie cette expression quand on se trouve entre deux eaux, c'est-à-dire un peu embarrassé car en grande difficulté d'exprimer un choix net et précis. Je suis dans l'incapacité totale de dire que j'ai aimé. Il m'est tout autant impossible de déclarer que je n'ai pas aimé. Je vais donc vous livrer quelques réflexions fragmentaires pour essayer de capter mon ressenti après avoir refermé "Mâle d'Amour".

Bon, le personnage principal. Il conviendrait de dire plutôt central car pour ce qui est de principal, il n'en est qu'un parmi plusieurs, qui ont tous leur importance et leur poids. le fait que ce soit l'auteur lui-même ne m'a pas posé problème ; quand on écrit, on projette toujours une bonne part de soi-même à son "héros", peu importe que l'on lui donne son nom ou non. Mais de là à imaginer un succès presque interplanétaire au livre que ce personnage a écrit (on est tout de même à deux doigts des prix Nobel, Pulitzer, Grammy et Oscar), de surcroît à un livre qui existe réellement, qui a gagné le Prix du roman gay voici quelques années et que j'ai lu avec grand plaisir (je parle encore de "Sangs-Mêlés") – je ne sais pas pourquoi ça m'a mis mal à l'aise. Ce livre était, pour faire un raccourci, le véritable point central, le véritable "héros" de ce roman. Il est encensé à longueur de passages, affublé de superlatifs à n'en plus finir, transformé en ouvrage qui change la vie de tous ceux qui le lisent. Oui, j'en conviens, il faut toujours croire en son talent, et quitte à rêver, pourquoi pas rêver grand ? Mais il me manquait peut-être un peu d'auto-distanciation. Il me manquait le petit clin d'oeil que l'auteur (le vrai, pas celui de cette fiction) jette aux lecteurs comme pour dire "vous voyez, je vous ai bien eus – je ne me prends pas tellement au sérieux".

Là, dans ce récit, c'est sérieux. Ça se prend au sérieux. Ça voit grand. Et cette, on va dire grandiloquence se retrouve aussi dans l'écriture. Non seulement le style (note humoristique au passage : les nombreux points d'exclamation que j'ai quelque peu déplorés dans "Sangs-Mêlés" ont disparu ici), le choix des mots, le phrasé, mais aussi les réactions des personnages, que j'ai trouvées plus d'une fois exagérées.

Quoi dire, ensuite, du côté surnaturel ? Pas de la magie que l'on connaît d'Harry Potter et autres sagas fantaisies, mais de la voyance, de la télépathie, de la prédestination, du maléfique. du sérieux encore, du spirituel. Certes, on avait ça aussi dans "Sangs-Mêlés", mais à dose homéopathique, un peu comme entre guillemets, conté de façon presque incrédule, comme une proposition alternative pour expliquer le réel. Ici, en revanche, ça devient quand même une trame non plus sous-jacente, mais très présente, avec des références quelquefois quasi-religieuses (ou carrément religieuses). Et les religions, de quelque couleur que ce soit, ne sont pas du tout ma tasse de thé (pensez donc – je ne vois même plus le côté religieux dans une exclamation du genre "Mon Dieu !").

Malgré ces points malaisants pour moi, je ne peux pas nier, pour autant, que j'ai lu le livre d'une traite (autant que faire se peut quand on est sardiné dans un métro bondé, ceci dit) et que je voulais savoir la suite et la fin avec impatience. J'ai aussi hâte de découvrir "Adam", le sequel qui est censé clore la saga (vous lirez mon compte-rendu d'ici quelques semaines, le temps que j'intercale d'autres lectures). C'est qu'en dépit de ce que je viens d'écrire, je dois reconnaître que Jean-Philippe écrit bougrement bien et que son imagination n'a pas besoin de stimuli – elle est suffisamment forte pour nous proposer de l'originalité et aboutir à un récit qui ne se complaît pas à faire du simili-neuf avec du vieux.

Le mieux, je pense, est de voir par vous-mêmes.
Lien : https://livresgay.fr/male-da..
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