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Critique de frandj


La pensée de Freud - et donc la nature des écrits qu’il a publiés - ont connu une importante évolution tout le long de sa carrière. Dans un premier temps, Freud s’est positionné comme un médecin en se concentrant sur les névroses des malades qui avaient recours à lui; ce faisant, il a posé les principes de la psychanalyse. Dans un second temps, tout en approfondissant ses conceptions théoriques, il ne s’est plus cantonné à la problématique de ses malades "réels": il a élargi l’application des concepts de la psychanalyse à des sujets plus vastes, moins individuels. Le délire et les rêves dans la "Gradiva" de Jensen est le premier ouvrage qui illustre cette nouvelle ambition de Freud: il est paru dès 1907. Dans ce livre il étudie une curieuse nouvelle (que je trouve réussie) d’un auteur allemand aujourd’hui oublié. L’histoire racontée par Jensen peut se résumer ainsi. Un archéologue nommé Norbert Hanold découvre à Rome un bas-relief romain représentant une jeune fille, qu’il surnomme « Gravida » (= celle qui s’avance). Puis il fait un rêve, qui l’incite à partir pour Pompéi. Là, il rencontre une jeune fille qui ressemble étrangement à Gravida; il croit devenir fou. Mais cette apparition se révèlera être une de ses amies d’enfance (en chair et en os), nommée Zoe Bertgang. Il l’avait perdue de vue mais il la retrouve par hasard.

S. Freud, analyse ce très court roman à la lumière de ses théories. Il démontre avec beaucoup de finesse que Jensen a involontairement illustré quelques-uns des concepts fondamentaux de la psychanalyse, notamment la levée de la censure dans une cure, le sens caché des jeux de mots et l’interprétation des rêves. Un seul exemple: le mot « Bertgang » est une traduction de « Gravida » ! Ainsi, on n’a pas à se poser des questions sur le caractère fantastique de la nouvelle. En réalité, selon Freud, les rêves et les délires de Norbert avaient une signification toute simple: sans le savoir, l’archéologue était amoureux de son amie d’enfance. Dans son livre, le père de la psychanalyse démontre son intelligence subtile; et sa démonstration est d’autant plus convaincante qu’elle s’appuie sur l’œuvre d’un auteur sans rapport direct avec lui-même.
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