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Paule Arhex (Traducteur)Rose-Marie Zeitlin (Traducteur)Jean Bellemin-Noël (Traducteur)Jean-Bertrand Pontalis (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070326747
269 pages
Gallimard (03/01/1992)
3.98/5   45 notes
Résumé :
Gradiva, celle qui avance, tel le dieu Mars allant au combat, mais c'est ici au combat de l'amour. Et Gradiva rediviva, celle qui réapparaît à l'heure chaude de midi et qui va, non sans malice, donner vie, forme, objet au désir d'un archéologue fou.

En cette jeune fille à la démarche inimitable Freud a-t-il reconnu la jeune psychanalyse comme il a pu trouver dans Pompéi, la cité ensevelie et conservée, une métaphore exemplaire du refoulé et de son tro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La pensée de Freud - et donc la nature des écrits qu’il a publiés - ont connu une importante évolution tout le long de sa carrière. Dans un premier temps, Freud s’est positionné comme un médecin en se concentrant sur les névroses des malades qui avaient recours à lui; ce faisant, il a posé les principes de la psychanalyse. Dans un second temps, tout en approfondissant ses conceptions théoriques, il ne s’est plus cantonné à la problématique de ses malades "réels": il a élargi l’application des concepts de la psychanalyse à des sujets plus vastes, moins individuels. Le délire et les rêves dans la "Gradiva" de Jensen est le premier ouvrage qui illustre cette nouvelle ambition de Freud: il est paru dès 1907. Dans ce livre il étudie une curieuse nouvelle (que je trouve réussie) d’un auteur allemand aujourd’hui oublié. L’histoire racontée par Jensen peut se résumer ainsi. Un archéologue nommé Norbert Hanold découvre à Rome un bas-relief romain représentant une jeune fille, qu’il surnomme « Gravida » (= celle qui s’avance). Puis il fait un rêve, qui l’incite à partir pour Pompéi. Là, il rencontre une jeune fille qui ressemble étrangement à Gravida; il croit devenir fou. Mais cette apparition se révèlera être une de ses amies d’enfance (en chair et en os), nommée Zoe Bertgang. Il l’avait perdue de vue mais il la retrouve par hasard.

S. Freud, analyse ce très court roman à la lumière de ses théories. Il démontre avec beaucoup de finesse que Jensen a involontairement illustré quelques-uns des concepts fondamentaux de la psychanalyse, notamment la levée de la censure dans une cure, le sens caché des jeux de mots et l’interprétation des rêves. Un seul exemple: le mot « Bertgang » est une traduction de « Gravida » ! Ainsi, on n’a pas à se poser des questions sur le caractère fantastique de la nouvelle. En réalité, selon Freud, les rêves et les délires de Norbert avaient une signification toute simple: sans le savoir, l’archéologue était amoureux de son amie d’enfance. Dans son livre, le père de la psychanalyse démontre son intelligence subtile; et sa démonstration est d’autant plus convaincante qu’elle s’appuie sur l’œuvre d’un auteur sans rapport direct avec lui-même.
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La Gravida de Jensen, ou la résurrection d'un amour de jeunesse.
Amour? Comment ne pas le déceler dès la première page, par exemple dans la description du bas relief. Ni Venus, ni diane, "il y avait quelque chose de l'humanité courante, d'actuel en elle.... Cette jeune femme qui n'attirait par la beauté de ses formes, possédait ainsi, néanmoins ...le charme simple et naturel d'une jeune fille, charme qui semblait être l'inspiration de sa vie même. "
Amour aussi par le contexte onirique, fantastique qu'il suscite: apparitions et disparitions irréelles, transport à l'époque de la destruction de Pompéi...).

Freud:

Il propose un décryptage des rêves de Norbert Hanold, et finalement de l'oeuvre de Jensen. Il décrit la lutte de l'inconscient pour émerger, ses stratagèmes (bas relief, échange du nom par son équivalent étranger...) pour laisser revenir à la surface un amour de jeunesse.
.
Amour ou délire? le questionnement est de Freud. Il esquisse une réponse positive dans le sens ou les fantômes (apparitions de la Gravida...) "sont devenus des maîtres souverains, c'est à dire ont trouvé créance et actionnent de ce fait la conduite du sujet.
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Norbert Hanold est un jeune homme sérieux à l'existence bien réglée. Docteur en archéologie et professeur d'université, sa vie s'écoule tranquillement entre les murs de son bureau. Bureau où il contemple chaque jour avec la même fascination la reproduction d'un bas-relief antique représentant une jeune femme à la démarche particulière, la Gradiva, comme il se plaît à l'appeler dans son for intérieur. Mais voilà que sa fascination va peu à peu envahir son esprit, le poussant à entreprendre un voyage inattendu vers Pompéi et ses ruines pour y retrouver la trace d'un fantôme enseveli il y a plus de deux mille ans ...

Cette fantaisie pompéienne, qui a inspiré à Freud une célèbre analyse (que je n'ai pas lue, faut pas pousser non plus ...), est un pur produit de la fin du romantisme, où l'auteur souligne non sans malice les travers des jeunes gens à l'imagination débordante ... il faut voir le héros, cet Allemand respectable, se piquer au jeu de son délire et échafauder avec le plus grand sérieux des théories en chaîne sur l'existence de la Gradiva, et prendre chaque image de ses rêves pour argent comptant ... il faut le voir s'ébahir devant l'incarnation de ses délires, incapable de distinguer le rêve de la réalité ... bon, je vous avoue que j'avais souvent envie de lui donner une bonne claque derrière les oreilles pour le réveiller, mais la plupart des héros du XIXème me font cet effet-là (et j'en ai côtoyé un paquet pendant mes études) ... et cela n'empêche pas que j'ai passé un excellent moment à la lecture de cette nouvelle où l'ironie affleure à chaque page (ah, les Grete et les Auguste ...) ce qui n'empêche pas de belles descriptions poétiques.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation

A ce moment-là, c'est-à-dire jusqu'à l'âge où on nous dit je ne sais pourquoi "merlans frits", je m'étais habituée à ressentir pour vous une affection à vrai dire étrange, je croyais que jamais je ne trouverais sur terre un ami plus agréable. Je n'avais pas de mère, pas de frère ou de sœur, mon père trouvait sensiblement plus d'intérêt à un orvet conservé dans l'alcool qu'à ma personne, et il faut bien que chacun, y compris une jeune fille, se trouve quelque chose pour occuper ses pensées et tout ce qui va avec. Ce quelque chose, à ce moment-là, c'était vous ; mais lorsque vous vous êtes jetés à corps perdu dans l'étude de l'Antiquité, j'ai fait cette découverte que pour ce qui est de toi... excusez-moi, mais votre innovation si convenable m'agace les oreilles et elle ne facilite pas ce que j'ai à dire... je disais donc qu'il m'était apparu alors que tu étais devenu un homme insupportable qui, du moins en ce qui me concerne, n'avait plus d'yeux pour voir, plus de langue pour parler, plus de mémoire pour conserver, comme je l'avais fait, ce qui se rapporte à notre amitié d'enfance. Voilà pourquoi, en fait, je ne ressemblais plus à ce que j'étais avant : lorsqu'il m'arrivait de te rencontrer ici ou là à une réception, et pas plus tard que l'hiver dernier, tu ne me voyais pas et je parvenais encore moins à te tirer une parole, en quoi d'ailleurs, je n'étais pas traitée d'une manière spéciale puisque tu faisais exactement pareil avec tout le monde. J'étais pour toi transparente comme de l'air, et avec cette touffe de cheveux blonds qu'il m'était arrivé de tirer autrefois, tu étais aussi ennuyeux, desséché et peu bavard qu'un cacatoès empaillé et en même temps aussi imposant qu'un... archéoptéryx, oui, je crois que c'est le nom de ces monstrueux oiseaux fossiles d'avant le déluge.
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La tète légèrement inclinée, elle tenait ramassé dans sa main gauche un pan de sa robe extraordinairement plissée, qui lui tombait de la nuque aux chevilles, et découvrait ainsi ses pieds dans des sandales. Le pied gauche étai posé en avant, et le droit , qui se disposait à le suivre, ne touchait le sol que de la pointe de ses orteils, cependant que sa plante et son talon s'élevaient presque verticalement. Ce mouvement exprimait à la fois l'aisance agile d'une jeune femme en marche, et un repos sûr de soi-même, ce qui lui donnait, en combinant une sorte de vol suspendu à une ferme démarche, ce charme particulier.
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Mais voilà que soudain, de nouveau, alors qu'il ne s'y attendait pas - à peine à cinq pas de lui, dans l'étroite bande d'ombre que projetait une architrave, unique fragment resté en état de tout le portique du salon -, était assise entre deux colonnes jaunes sur la marche d'en bas une figure féminine vêtue de clair, qui à cet instant relevait un peu la tête en un léger mouvement. Elle offrit ainsi à voir à cet arrivant imprévu, dont manifestement elle venait juste de remarquer les pas, la totalité de son visage, ce qui provoqua chez lui une impression double car il apparaissait à ses yeux comme un visage en même temps étranger et bien connu, qu'il l'ait déjà vu ou seulement imaginé. Mais à la façon dont sa propre respiration fut suspendue et dont son cœur s'arrêta de battre, il sut sans aucun doute possible à qui appartenait ce visage. Il avait trouvé ce qu'il cherchait, ce qui l'avait inconsciemment poussé vers Pompéi : Gradiva poursuivant son apparence de vie à midi, à l'heure des fantômes, et elle était là assise devant lui telle qu'il l'avait vue dans son rêve en train de s'installer sur les marches du temple d'Apollon. Sur ses genoux était étalé quelque chose de blanc que le regard de Norbert n'était pas capable de distinguer nettement : cela paraissait être une feuille de papyrus, sur laquelle se détachait en rouge une fleur de coquelicot.
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La Gravida de Jensen, ou la résurrection d'un amour de jeunesse.
Amour? Comment ne pas le déceler dès la première page, par exemple dans la description du bas relief. Ni Venus, ni diane, "il y avait quelque chose de l'humanité courante, d'actuel en elle.... Cette jeune femme qui n'attirait par la beauté de ses formes, possédait ainsi, néanmoins ...le charme simple et naturel d'une jeune fille, charme qui semblait être l'inspiration de sa vie même. "
Amour aussi par le contexte onirique, fantastique qu'il suscite: apparitions et disparitions irréelles, transport à l'époque de la destruction de Pompéi...).

Freud:

Il propose un décryptage des rêves de Norbert Hanold, et finalement de l'oeuvre de Jensen. Il décrit la lutte de l'inconscient pour émerger, ses stratagèmes (bas relief, échange du nom par son équivalent étranger...) pour laisser revenir à la surface un amour de jeunesse.
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Amour ou délire? Le questionnement est de Freud. Il esquisse une réponse positive dans le sens ou les fantômes (apparitions de la Gravida...) "sont devenus des maîtres souverains, c'est à dire ont trouvé créance et actionnent de ce fait la conduite du sujet.
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"En visitant l'une des grandes collections d'antiquités de Rome, Nobert Hanold avait découvert un bas-relief qui l'avait tout spécialement attiré, si bien qu'il s'était beaucoup réjoui, une fois revenu en Allemagne, de pouvoir s'en procurer un excellent moulage de plâtre. Il l'avait accroché depuis quelques années à un endroit privilégé du mur de son cabinet de travail, par ailleurs couvert en grande partie de rayons de livres, à la fois sous un angle d'éclairage judicieux et à une place que, fût-ce un court moment, le soleil couchant atteignait chaque soir."
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