Résumé
C'est par une belle journée ensoleillée d'octobre 1975 que commence le récit. Michel, « un émigré italien qui avait trouvé son bonheur à Genève où il vivait avec sa femme Nadia et leur fille Giada » décide d'aller voir une amie chère, Paulette, à la campagne.
Peu de temps auparavant, il a eu des soucis de santé et il a encore du mal à trouver ses mots. Des souvenirs remontent, notamment une expérience de mort imminente vécue dans l'enfance. Il va prendre une décision, la décision la plus importante de sa vie.
Il a eu une enfance très difficile. Très jeune, il a dû abandonner ses études, alors qu'il était doué, car il fallait qu'il aille travailler pour payer les études de ses soeurs. Il avait treize ans quand sa mère en a décidé ainsi guidée par sa haine des hommes. Il a donc pris des cours du soir, pour obtenir un travail à Genève où il est apprécié.
Des souvenirs remontent, son mariage un jour heureux que sa mère, Cosima, à réussi à gâcher en tentant d'enfiler des boucles d'oreilles à Nadia qui n'avait pas les oreilles percées, malgré ses hurlements de douleur, Cosima triomphe, la robe de mariée est tachée de sang, donc ce sera un mariage malheureux.
Durant son enfance, elle l'humilie, le traite plus bas que terre et son père ne dit rien, ses soeurs trouvent cela normal… jamais il n'arrivera à communiquer avec son père, car un secret les sépare.
Tout va se dérouler en quatre jours, du 25 au 28 octobre 1975. Les faits actuels étant émaillés de souvenirs qui permettent de comprendre ce qui va se passer.
Ce que j'en pense :
J'ai terminé ce livre, il y a plus de quinze jours et je suis encore tellement bouleversée par cette lecture que les mots viennent difficilement.
Michel est un homme attachant, fragile, hypersensible et plein de subtilité et de talent et sa mère le brise consciencieusement avec l'aide de sa soeur, la fameuse tante Lydia qui distillent leur venin dans l'esprit de Michel et se sert de la famille pour s'acharner sur lui.
Michel aurait tout pour être heureux comme on dit, il vit à Genève, loin de sa mère, mais avec un monstre pareil on est toujours trop près. Il forme un beau couple avec sa femme Nadia et ils ont une petite fille que Michel adore Giada, (qui est en fait l'auteure du livre).
Nadia mène une vie difficile. Elle travaille dans une institution religieuse austère et rigide qui la harcèle sans arrêt alors qu'elle fait le ménage dans des conditions dignes du Moyen-Age, mais elle ne se plaint jamais et Michel n'imagine pas ce qu'elle endure car il ne conçoit pas que ce soit possible, une telle maltraitance. Et en plus, au début ils vivent chez la tante Lydia dont Nadia est le souffre douleur encore : elle doit tout faire dans la maison à son retour du travail…
Ils arriveront à trouver un équilibre précaire en quittant le domicile de Lydia et en rencontrant les Taner qui vont souvent les aider.
Michel se rappelle les premières manifestations de la maladie, les angoisses, les cauchemars puis plus tard l'annonce du diagnostic psychose maniaco-dépressive (aujourd'hui on dit troubles bipolaires, cela paraît moins grave), la façon dont il est traité lors de son hospitalisation, la camisole (Giada le voit entravé dans la camisole car il a refusé de manger du chou-fleur qu'il ne digère pas et on a pris sa pour de l'opposition (ils n'ont même pas pensé à l'anorexie !!!) ou quand on lui refuse de voir sa fille en lui disant bien qu'elle est venue mais comme il ne s'est pas bien comporté il n'aura pas le droit de la voir.
La maltraitance encore et toujours, et que Michel subit sans se révolter, on le maltraite depuis si longtemps qu'il ne pense même pas que c'est injuste.
Chaque souffrance qui se rajoute à la précédente fragilise davantage cet « être de sable » dont les grains s'écoulent inexorablement.
On pourrait dire que Nadia est restée trop réservée, ne lui a pas assez parlé mais Michel cachait si bien ses sentiments, ses émotions, elle ne voyait que la partie émergée de l'iceberg et ne connaissait pas la maladie.
Cosima est une femme que j'ai eu envie de gifler, de tuer même par moments en voyant son entreprise de démolition systématique pour saper l'humeur et le courage de son fils. C'est une mère indigne, du même style que la Folcoche de Bazin. Lors de l'inquisition on l'aurait brûlée comme sorcière. Comment peut-on être aussi méchant, pervers avec son propre enfant, elle le détruit méthodiquement, elle le tue devant nos yeux et ceux de sa famille. Cette femme est horrible dans tous les sens du terme.
J'aimerais bien savoir comment elle a réagi, à la mort préparée dans le détail de Michel (chroniques d'une mort annoncée ou du moins prévisible) vue la dernière méchanceté sur la possibilité (dans sa cervelle monstrueuse) que la petite Giada soit anormale ce qui est totalement erroné, absurde.
Le comportement du père est surprenant : il s'aplatit devant sa femme et la laisse détruire son enfant, pire il lui en veut de lui avoir sauvé la vie.
J'ai adoré ce livre, je pense que vous l'aurez compris, c'est mon coup de coeur 2014 et je remercie mon amie Ladyoga, fidèle babelionaute comme moi de m'avoir fait découvrir cette auteure, qui écrit très bien, n'est jamais dans le pathos ou la caricature. Elle a tout compris de l'hypersensibilité de son père, son côté artiste, amoureux et respectueux de la nature.
Elle a tout compris de la maladie de son père, de son fonctionnement et au passage nous livre des phrases superbes sur l'art, la beauté, la religion et la foi…
La façon dont elle présente les quatre journées fatidiques en les entrecoupant des souvenirs de Michel pour nous faire comprendre tout le processus est une vraie réussite. Bien sûr j'aimerais bien savoir quelle peut être sa relation avec sa grand-mère si elle est toujours là, en tout cas elle a réalisé un beau travail de résilience.
Je remercie
Sonia FRISCO pour ce beau témoignage, comme elle le dit pudiquement, cet ouvrage qu'elle m'a offert et dédicacé de façon touchante car j'ai eu un vrai coup de coeur pour elle via Babelio et sa messagerie. Une auteure d'une grande sensibilité, à l'écriture fine et déliée, pleine d'images et d'amour pour la nature, donc à suivre de très près.
L'écriture est un exutoire fantastique, tout comme la lecture est un refuge, un doudou, dans les moments de souffrance. Les livres nous accompagnent, nous parlent de nous autant que des autres et nous aide sur notre chemin pas toujours facile.
Merci Sonia et Bravo. Ah ! J'allais oublier, je vais courir me chercher son autre livre : «
le portail de l'Ange »
Note : 9,5/10
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