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Critique de LydiaB


Meliador, de Froissart, est un roman écrit entre 1365 et 1388, constitué de 30771 vers octosyllabiques. Il faut savoir que les romans du XIV et XV° ont subi une critique sévère car jugés trop fades ou dénués d'originalité. Meliador a lui aussi été victime de cet accueil peu chaleureux. de ce fait, du manuscrit le plus ancien, ne nous sont parvenus que quatre feuillets. le reste avait été utilisé au XVII°s, en Bourgogne, pour orner la couverture d'autres manuscrits ou registres. Heureusement, un second manuscrit, quasi complet, a été conservé et se trouve actuellement à la BNF (fr. Ms. 12557 pour ceux que cela intéresse). Il a été, pendant longtemps, considéré comme perdu de par son titre erroné de « Roman de Camel et d'Hermondine ». Par ailleurs, Froissart l'avait nommé « Dit dou florin ». Il a fallu attendre le XIX°s, plus précisément 1893, pour que Auguste Longnon, archiviste et historien, identifie le manuscrit et en donne entre 1895 et 1899 une édition (la seule connue à ce jour).

Ce roman a cependant connu son heure de gloire en son temps. Gaston Phébus (orthographié également Fébus), Comte de Foix et de Béarn, en apprécia la lecture faite par Froissart l'hiver 1388-1389. Charles d'Orléans, un siècle plus tard, possédait l'oeuvre dans sa bibliothèque. Meliador est un repère important dans la littérature dans la mesure où il est le dernier roman arthurien français en vers (du moins, connu à ce jour). Il clôt ainsi toute une tradition esthétique ancrée sur une matière riche (trois siècles de littérature). L'avant-dernier roman arthurien était l'Escanor, de Girart d'Amiens, en 1280.

Froissart situe l'histoire « à l'époque où le roi Arthur régnait en sa prime jeunesse et qu'il commençait à présider de grandes fêtes et à retenir les chevaliers pour remplir les salles de son château ». Ainsi, l'auteur prend le contre-pied de ses collègues, qui préféraient faire des continuations, en retournant aux origines de la geste arthurienne, proposant des récits d'enfances. C'est pourquoi les héros renommés sont supprimés au profit de Camel, Meliador, Sagremor, qu'il invente.

Une des caractéristiques à signaler dans ce roman : les insertions lyriques. Ce procédé est né dans le roman de Guillaume de Dôle de Jean Renart. Ainsi, chez Froissart, les onze ballades, seize virelais et cinquante-deux rondeaux intégrés au récit ne sont pas de sa plume mais de celle de son maître et protecteur, le Duc Wenceslas de Brabant. D'un style assez mièvre, leur utilité n'est pas seulement d'orner ou d'illustrer le récit. Ils donnent une certaine épaisseur à l'histoire qui est la suivante: pour provoquer la mort du chevalier Camel de Camois, prétendant indésirable (car somnambule, le premier de la littérature, ce qui m érite d'être mentionné), Hermondine, fille du roi d'Ecosse, conseillée par sa cousine Florée, promet sa main au chevalier qui, au terme d'une quête de cinq ans, aura accumulé les exploits les plus remarquables. Bien évidemment, cette quête lance sur les routes bon nombre de chevaliers amoureux et avides de gloire.

La structure du roman est celle de l'entrelacement. Ainsi, les aventures de chaque participant sont alternativement relatées. Ce procédé, déjà présent chez Chrétien de Troyes, avait pris de l'ampleur au XIII°s, au point de devenir une caractéristique fréquente des textes en prose. Utilisé dans un texte en vers, aussi long que celui-ci, il exige et démontre la prouesse et la virtuosité du poète.

Je remercie ici Florence Bouchet, médiéviste, (ayant notamment travaillé sur Camel de Camois) dont l'analyse m'a permis de mieux cerner ce roman.

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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